Aujourd'hui le Réboussié (*) de naissance que je suis est plutôt content en voyant la tournure de beaucoup de généalogies et les prises de consciences de nombreux généalogistes.
Est ce l'effet centenaire 14-18 ? Et donc la prise en compte d'événements autres que la naissance, le mariage et le décès de nos parents, voire les quelques archives qui mettent en lignes autre chose que l'état-civil et les registres paroissiaux. Toujours est-il que je rencontre de plus en plus de généalogies voisinant la biographie et les références à des actions et des participations diverses de nos ancêtres dans leur vie quotidienne. Détrôneront-elles le sempiternel et unique arbre généalogique, souvent moche et blasonné façon cucu-la-praline, histoire de se prendre pour un Bourbon dans sa galerie (oui mais sans glace ! On n'est pas à Versailles !) ?
Je le pense réellement, je pressens comme un léger frémissement (c'est dire que c'est naissant). Les blogs généalogiques, qui sont un bon moyen pour le quidam de publier sur un site des récits, des anecdotes, des histoires, sans avoir connaissance d'un quelconque langage HTchose ou Javamachin, en sont bien une preuve : ils regorgent de cette histoire, petite et locale, qui fait toute la saveur d'une généalogie correctement exprimée.
Et si l'arbre (mais un peu moins cucu-la-praline s'il vous plaît), tient dans ces généalogies une place importante, qu'il mérite, il n'en demeure pas la centralité. Et je le constate au quotidien ; mes généalogies rédigées plaisent et les demandeurs n'axent plus leur préoccupation autour de l'arbre, en me faisant des recommandations pour inclure l'histoire d'un ou plusieurs villages, de trouver un journal de la naissance ou du mariage d'un ancêtre, en réclamant des photos du village de leurs origines, en voulant savoir de quoi était composée la dot de Marie Berthe, quel était le régiment du grand-papé Albert ou s'il est vrai que le grand-oncle Charles est parti avec la caisse de son entreprise.
Nous détenons là une clé belle et riche à souhait, parce que les recherches prennent une tournure plus diversifiée, parce que la présentation qui va être faite de la famille sera une histoire que tout le monde prendra plaisir à découvrir et comprendre.
Nous passons, passerons du simple état-civil d'une personne à une vraie vie d'un être humain, autant que nous pourrons en découvrir les différents aspects. C'est là que nous trouverons, à mes yeux, ces vrais généalogistes, ces illuminés du détail, ces chercheurs sans fin du quotidien de nos aïeux, ces inlassables lecteurs de bouts d'archives encore mal récolées.
Il est vrai que, comme exprimé un peu avant, nous ne sommes pas encore à ébullition ! Les grandes bases de données continuent à exprimer de monotones état-civil, les logiciels de généalogie s'intéressent peu à la rédaction et il n'est pas question de publier, autrement, peut-être, que par l'intermédiaire de son association, un livre de la généalogie familiale. Pourtant ! Avec un peu d'imagination, les événements récoltés d'un côté et de l'autre, les anecdotes de l'entourage et un joli squelette ou trame de lecture, qui serait amélioré et mis à jour (là je rêve !) par votre logiciel favori, il ne serait pas difficile de réaliser son ouvrage. Quant à la publication et à la diffusion, nous ne sommes pas dans la catégorie Goncourt ou Renaudot, mais plutôt cercle familial et quelques intéressés. Sur papier comme électroniquement c'est facile et souvent peu onéreux (vade-retro les éditeurs qui vous demandent de l'argent avant d'imprimer quoi que ce soit).
Faisons donc un peu la chasse aux collectionneurs d'ancêtres et aidons les généalogistes qui veulent faire de leur généalogie une histoire familiale.
Écrivez ! Racontez ! Bloggez ! Il en restera toujours quelque chose non ?
(*) Réboussié : personne qui n'est jamais contente. Qualificatif du Nîmois ...