Les échanges sur la généalogie sont parfois des plus curieux, et si l'on excepte les poncifs déjà évoqués dans ces colonnes, il est bon de noter les fois où la différence se fait sentir ; ce fut le cas récemment :
"Tu fais de la généalogie parce qu'il n'y a plus de curé au village !"
C'est sûr, nos églises ne se remplissent plus comme avant et la peur d'aller en enfer est remplacée par celle de manquer "quelque chose" sur Facebook. Nos préoccupations sont vraiment différentes, notre vie aussi, et la pauvreté de nos échanges dans un monde où règne la communication tend à nous amener à une pensée si multiple et passive que la réflexion d'un chef d'état qui faisait allusion à ses compatriotes comme de jeunes bovins. Le tout me laissant aussi pantois que parfois coi tant on pourrait y voir certaine vérité contemporaine. Il faut prendre le train en marche ! Peut-être, ou bien rester au bord de la voie ferrée et regarder passer le convoi allant dérailler ...
Et le train généalogique file plus vite qu'un TGV ; je suis même convaincu que certains courent devant la locomotive ! La vitesse grise, emporte, transporte, et la raison reste sur le quai. Personne ne se plaint, et dans ce tourbillon de dates, d'événements, de parents, de mariages, d'actes et de problèmes inventés pour la "bonne cause", nombreux sont ceux qui abandonnent et se raccrochent finalement à tout autre chose que la généalogie.
C'est pour cela que j'entendais dire : "Tu fais de la généalogie parce qu'il n'y a plus de curé dans le village". Avec le recul, on peut évidemment remplacer le mot "généalogie" par n'importe quel autre correspondant à une communauté, de préférence ayant pignon sur Internet, et permettant l'expression au sens général, très général, du terme. Ainsi, en allant à confesse, on racontait ses petits tracas quotidiens, on demandait conseil, on s'auto-critiquait, on s'auto-évaluait, tout en plaçant, de temps en temps, une bonne pique à la voisine.
Ces attitudes et ces comportements se retrouvent dans ces communautés virtuelles. Et si le site confesse-toi.com, qui n'existe pas (encore), est bien placé pour cela, on se demande ce que viennent faire les lamentations d'un quidam quelconque dans un espace dédié à la généalogie à propos du temps, de sa belle-mère qui l'enquiquine, du cancer de son père, de la disparition de la petite Marie ou de sa gourmandise. Si ces fameux "réseaux sociaux" obéissaient à des règles d'éthique, on soulagerait les transmissions de données de milliards de ko. Ces endroits où les règles subsistent encore existent, certes peu fréquentés, et pour cause ..., et malheur à celui qui ne s'exprimera pas dans la "langue" et le contexte de l'endroit, les foudres, voire les insultes des pratiquants vont pleuvoir.
Il en est ainsi de la vulgarisation actuelle, c'est une adaptation au milieu et aux personnes, sans chercher à former, éduquer. On transforme les buts, les mots, on livre du pré-mâché avec des auto-collants et une réduction pour le prochain achat, et le consommateur est ravi !
Mais que retirer de ces longs fils de discussion relevant parfois du divan du psychanalyste plutôt que d'une réflexion menée en commun. Que penser de ces interprétations aussi confuses et mal placées que peut l'être un débat wikipediesque ? La connaissance se délite dans des arcanes socio-pathologiques.
La recherche prévaut évidemment sur le tout, et le curieux détectera dans cette masse informe le détail qui lui permettra de débloquer une situation critique, de relancer une enquête bloquée au fond d'une voie sans issue. Toutefois, ne snobez pas les endroits si rigoristes que sont, par exemple, les newsgroups. Lisez-les, apprenez à les comprendre, ils vous livreront bien des secrets, et si la règle est respectée, et donc connue, vous trouverez des ressources impossibles à rencontrer ailleurs. Ne désespérez donc pas, le monde de la recherche sur internet est si vaste qu'il contente le plus grand nombre. Qu'il soit capable d'autre chose que d'essayer de capter le maximum de vos devises sonnantes et trébuchantes ne tient qu'à vous, pas à ceux qui cherchent à le faire.
Je file m'enquérir d'un curé pour que nous discutions généalogie !