On vit un monde généalogique formidable, à la limite de la plume et de l'octet, en perpétuel équilibre entre le registre et le .doc ; un plaisir de tous les jours que j'avoue savourer bien volontiers lorsque je me confronte à la multitude de chercheurs fouillant des tonnes de vieux papiers en quête de leurs ancêtres.
Et même si, mode aidant, la plus grande partie fouille désormais les écrans, pas assez grands, de leurs ordinateurs, je constate que la photocopie et le papier détiennent une part "d'authenticité" bien plus importante qu'à ce qu'il n'y paraît ... On a beau dire, encore une fois, et on a beau faire, ces bouts de papiers contenant trace d'un acte de naissance, d'un contrat de mariage, d'une quittance font encore recette et continuent à remplir les placards. Mais que vont faire de tout ça nos enfants : à la poubelle ! C'est bien là leur seule utilité, car à quoi cela sert-il d'empiler des preuves papiers sans les relier à un document lisible, finalisé et utilisable par le plus grand nombre ?
Le numérique est l'allié du généalogiste, la prise de vue photographique, la capture d'écran ou le téléchargement d'images sous toutes les formes possibles sont les nouvelles photocopies de notre siècle. Alors pourquoi encore autant de photocopies ? Pourquoi lorsque je demande un acte de décès à la commune de Sainte-Martoche-la-Grande j'ai droit à une magnifique photocopie, en noir et blanc, que je vais m'empresser de scanner ou photographier pour en faire un fichier numérique ? L'authentification me répondra-t-on ! Le document informatique étant beaucoup plus modifiable que celui papier avec le beau tampon et la signature de l'officier d'état-civil, la véracité et l'orignalité pourraient en prendre un coup. Il n'empêche que ... les documents informatiques peuvent être certifiés et, dans la plupart de nos cas de généalogistes, ils ne servent que de preuves, de support à un travail que nous certifions.
Si cette notion de falsification est la seule empêchant une plus grande utilisation du numérique, il sera bon de rappeler que nombre de généalogistes, par le passé, n'ont pas hésité à créer de faux documents pour relier des familles quelconques à d'autres bien plus remarquables ! Je vois par contre comme frein à ce développement une méconnaissance des techniques, un vide formatif énorme. Si l'on sait appuyer, quoi que, sur le déclencheur d'un appareil photo, il n'est pas certain que l'on sache effectuer correctement les réglages voulus. J'ai toujours un large sourire en voyant des gens photographier une pleine lune au flash ! L'automatisme, s'il convient à la plupart des cas, n'est pas toujours l'allié des généalogistes qui doivent rapidement apprendre à s'en débarrasser au risque de voir des déclenchements intempestifs de flash en salle de lecture. L'étape de la prise de vue étant franchie, en général après une dizaine de séances avec le petit neveu de la voisine de palier, on se retrouve avec une centaine de photos dont on ne sait trop que faire.
C'était quand même plus simple avec le papier non ?
Certes, on savait faire des albums photos, des dossiers, des classeurs, que l'on rangeait dans des tiroirs, des armoires, des bureaux ... En informatique, le classement est identique, on range dans des dossiers, des tiroirs, des armoires, des bureaux ... sans oublier de nommer ses fichiers. Quand tout est bien rangé, on retrouve ces informations facilement, on peut les compulser en toute sérénité, les transmettre, les intégrer à d'autres documents.
Mais attention ! L'automatisme, encore une fois, peut jouer des tours. En n'agissant pas en "maître de la machine" mais en "utilisateur passif", c'est à dire en laissant faire l'ordinateur, on risque d'avoir des fichiers un peu partout, ou au contraire, au bout d'un certain temps, cinq ou six mille fichiers nommés img00001 à img05489 dans un coin de "Mesdocuments" !
C'était quand même plus simple avec le papier non ?
Convenons que, sous certains aspects, cette affirmation puisse être vraie, ça le sera à la seule condition de se dire que les nouvelles possibilités offertes par l'informatique ne sont pas pour moi : facilité de transmission des documents, intégration à des rapports, grande capacité de stockage en peu de place, visualisation par le plus grand nombre, transport facile, édition sélective ... Et si l'accident informatique peut arriver, l'incendie, les dégâts des eaux et autres avanies peuvent aussi venir à bout de nos chers papiers. Les outils informatiques pour nous aider dans ces tâches existent et sont nombreux, à nous de trouver ceux qui correspondent à nos besoins, et non ceux qui créent des besoins. Certains, fort simples et déjà intégrés dans nos machines, se révèlent d'une efficacité redoutable ; à nous de ne pas nous emballer et de configurer correctement nos machines.
Ainsi, ce texte est fabriqué dans un logiciel qui se nomme le bloc-notes, je n'ai rien trouvé de plus simple, léger et performant pour aligner des mots les uns après les autres ! Pour ce qui est de la gestion des images, je me sers assez souvent, depuis de nombreuses années, d'un logiciel gratuit nommé Irfanview, qui permet de visualiser, renommer en série, modifier, trafiquer les images. Son inconvénient : il nécessite un apprentissage, ce que supporte de moins en moins nos contemporains !
Mais que vont dire nos arrières-arrières-petits-enfants ?
C'était quand même plus simple avec l'informatique !