La marche à pied c'est simple, il suffit de mettre un pied devant l'autre ! Et ne citons pas les cas pour lesquels cela est trés difficile, dans la grande majorité, la marche à pied, c'est simple ; le "oui ... mais", nous en avons déjà parlé !
La généalogie doit passer par des phases d'apprentissage, reposant sur des bases structurées et pour lesquelles il ne doit pas y avoir de part d'improvisation. La mode du "je sais tout avec internet" est un miroir aux alouettes faisant du piégé un déçu de la première heure ou un piètre généalogiste amateur ayant empilé quelques noms et quelques dates dans un coin de cloud.
On peut lire, de tous bords, "la généalogie c'est simple, accessible, à la portée de tous" : allez sur Geneanet, Ancestry etc ... interrogez vos parents, fréquentez les forums, commandez des documents aux archives, consultez celles en ligne. Mais nulle part on voit le but de la mission. Alors oui, la généalogie c'est compliqué parce qu'on ne sait pas où aller, mais c'est simple aussi parce qu'on peut faire tout ce qu'on veut, comme cité plus haut, et créer un passe-temps aussi chronophage qu'inutile aux yeux des tiers de la famille.
C'est ainsi que l'on voit apparaître la fameuse réflexion du généalogiste avancé (pas forcément en âge d'ailleurs) : "Un arbre ce n'est jamais fini". Quand le but n'est pas fixé, c'est évident, un arbre n'est jamais fini puisqu'on ne sait même pas de quoi il doit être fait ! Personnellement, je n'ai pas fini mon arbre puisque ce dernier doit me prouver qu'Adam et Ève sont mes ancêtres, à moins qu'au delà je découvre qu'en fait mes ancêtres sont un couple d'amibes ! Le but n'étant donc jamais fixé, la généalogie devient facile et sa retransmission en prend un coup parce que particulièrement difficile à établir.
Combien il est lassant de voir des pages de noms empilés les uns derrière les autres et représentant sur des siècles les vies de milliers de personnes à peine évoquées ! La généalogie c'est facile ...
Définissons donc ce qu'il y a à faire et nous saurons si la généalogie est simple ou compliquée, facile ou difficile. Ainsi, aux débutants, j'aime bien fixer comme but d'écrire, en partant de soi, la généalogie jusqu'aux grands-parents, ce qui fait sourire tout le monde. Évidemment, nous sommes un grand nombre à connaître notre papy et notre mamy ... mais les difficultés apparaissent pour certains avec le nom de jeune fille de mamy, la date du mariage. C'est en fait ce que je demande : les noms et prénoms des impétrants, leur profession, les dates de naissance et de mariage, celle du décès si c'est hélas le cas. Le but est bien fixé, il est clair et permet une appréciation correcte du résultat. Une fois le but atteint, on pourra passer à un autre projet : ajouter une autre génération sur la même base, trouver tous les enfants de chaque couple, retracer la carrière militaire des hommes etc ... Et à chaque fois, on pourra dire "ça y est, j'ai terminé mon arbre."
Donc, s'il est facile de retrouver deux ou trois générations, il va en être plus compliqué au fur et à mesure de la remontée temporelle aussi bien que dans le domaine des aspects de la vie quotidienne de nos aïeux par exemple. Cette progression nécessite l'intervention de nouvelles connaissances, de techniques de recherches, de sciences parallèles à la généalogie supposant des apprentissages supplémentaires. Exemple le plus frappant : la paléographie, bloquant la plupart des chercheurs face à des formations de lettres différentes de nos contemporaines ; la difficulté est bien présente, infranchissable sans aide externe, sans apprentissage.
La généalogie est compliquée !
Mais la généalogie c'est simple aussi parce que, sans but, on pourra toujours éluder une difficulté et passer à autre chose. On voit ainsi des gens n'ayant jamais terminé le travail envisagé parce que, ne trouvant pas un acte de mariage, passer à l'étude de tous les patronymes d'un village et se défouler sur un forum internet en renseignant la moindre demande au sujet des Tartampion de Saint-Léonard-des-Mares. Notre chercheur agira alors avec un nouveau but, qu'il atteindra lorsqu'il aura trouvé tous les Tartampion, ou qu'il abandonnera pour autre chose parce que les actes seront illisibles ... et il ne reprendra ses premières recherches que le jour où on lui enseignera qu'il existe des tables décennales !
Il me semble donc que pour qualifier la généalogie, il faut avant tout, un peu comme à l'école, connaître les objectifs et les consignes, et se donner les moyens d'évaluation, hors ça, on pourra dire et écrire un peu n'importe quoi et faire passer les vessies pour des lanternes ; lanternes à l'unique goût financier parfois un peu trop prononcé.
Si la moitié des français pratique ou a pratiqué la généalogie c'est certainement parce qu'on l'a présentée comme une activité simple. Reste à savoir, pour ceux qui poursuivent, quelle définition de la généalogie appliquent-ils et quel est leur parcours de formation ?