Les obsèques de M. Ed. BAUME, avocat à la Cour de Paris, ont eu lieu mercredi dernier, à l'église Saint Germain des Prés, sa paroisse. Dans le cortège, qui était nombreux et conduit par les trois fils du défunt, on remarquait une députation en robes du conseil de l'Ordre, beaucoup de membres de la Constituante et de la Législative, des avocats, des avoués, quelques journalistes et une foule d'amis.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM. GRÉVY, Em. ARAGO, VERSIGNY et CAZELAR, avocats, et dont les trois premiers avaient été les collègues de M. BAUME à la Constituante de 1848. Après les cérémonies de l'église, le convoi s'est dirigé vers le cimetière Montparnasse, et là, en face du cercueil, l'un des confrères et des plus anciens amis du défunt, M. MOULIN, lui a adressé l'adieu suivant :
Messieurs,
L'année qui touche à son terme a été pour le barreau une année de cruelles épreuves. La mort ne l'a point épargné ; elle a largement moissonné dans ses rangs, frappant tantôt des confrères qui avaient presque fourni leur carrière, tantôt des avocats presque au début de la leur, et auxquels de longues années paraissaient encore promises.
Arrivé à la maturité de l'âge, BAUME est frappé à son tour. C'est de lui surtout qu'on peut dire qu'il fut le fils de ses œuvres. Pendant vingt ans, il fut obligé de demander au travail de ses bras son pain quotidien, et, lorsque le travail manuel de la journée était fini, il demandait à ses nuits l'instruction qui lui manquait et les connaissances qui devaient lui ouvrir l'accès d'une profession libérale.
Tant de veilles, tant de labeurs portèrent leur fruit. BAUME put enfin saisir avec succès la plume de l'écrivain ; aussi longtemps que la législation de septembre ne vint pas la briser dans sa main, il défendit avec courage et talent, dans la presse du Midi, la cause de la liberté.
Le Var, qui l'avait vu naître, n'oublia ni ses luttes ni ses efforts, et en 1848 il s'empressa de lui donner un témoignage d'attachement et de reconnaissance en l'envoyant, comme l'un de ses représentants, à la Constituante. Inutile de dire que BAUME s'y montra, comme partout, fidèle à ses convictions.
En cessant d'être journaliste, BAUME s'était fait avocat du barreau de Paris. Pendant près de trente ans, il a été donné à tous ses confrères d'apprécier la loyauté de son caractère, la sûreté de ses relations, son zèle et son ardeur à défendre les intérêts de ses clients, le talent qu'il mettait à leur service ...
De tout cela il ne reste plus aujourd'hui que le souvenir ... mais ce souvenir, BAUME, tes amis le garderont précieusement pour le transmettre, comme la meilleure partie de ton héritage, à tes enfants !
Maintenant, au nom de tes amis, de tes confrères, de tous ceux qui t'ont connu, jusqu'à ce que nous nous retrouvions dans un monde meilleur, adieu BAUME ! Une dernière fois, adieu !...
(Le Droit)
Louis Edmond BAUME, avocat, âgé de 60 ans, né à Draguignan (Var), marié à Aimable Estelle PLANIER, est décédé 34 rue de Seine à Paris, le 20 décembre 1863.
Louis Edmond BAUME, fils de Marie, imprimeur à Draguignan, et de Rose Marie LION, est né le 22 vendémiaire de l'an 12, à Draguignan.
Marie Michel BAUME, ouvrier imprimeur, âgé de 18 ans et 6 mois, né à Marseille (Bouches-du-Rhône), habitant Toulon (Var) depuis 5 ans, fils d’André, imprimeur, et de Rose LIAUTIER, s’est marié le 30 brumaire de l’an 7 , à Toulon, avec Marie Rose Lion, âgée de 21 ans, née et domiciliée à Toulon, fille de défunt Jean, charcutier, et de défunte Marie Marguerite LION.