On écrit de Reims le 16 décembre :
Un horrible crime vient d'être commis dans la commune de Villers. Jean Baptiste LÉCLAPART, âgé de cinquante ans, membre du conseil municipal, homme considéré dans la commune, vient de succomber sous les coups de son fils. Isidore LÉCLAPART est âgé à peine de vingt ans ; le 1er mars 1861, il était condamné à un an de prison pour vol, et, le 23 avril 1862, le tribunal de Reims prononçait contre lui, pour violences graves exercées contre son père, la peine de dix-huit mois de prison. Il était sorti depuis deux mois de la prison de Clairvaux, et chaque jour les habitants du village étaient indignés des mauvais traitements qu'il faisait subir à ses parents. Son père disait même de lui : "Je suis certain qu'il finira par me tuer."
Le 12 décembre, vers sept heures du matin, LÉCLAPART père partit avec les outils nécessaires pour faire un plan de fraisiers dans une partie du bois de Rodemat qui lui appartient.
Vers onze heures et demie, LÉCLAPART fils partit de son côté pour aller rejoindre son père et travailler avec lui.
Il rentra seul, et dit à sa mère qu'il avait quitté son père en route ; puis il s'assit auprès du feu et resta près d'une heure à fumer sa pipe. Sa mère ayant témoigné son inquiétude de l'absence prolongée de son mari, une voisine lui dit : "Brigand, est ce que tu aurais tué ton père ?" Isidore ne répondit rien et continua tranquillement à fumer.
Les habitants du village s'étant mis à la recherche de LÉCLAPART, Isidore sortit en disant qu'il allait chercher avec les autres, mais il ne rentra pas à la maison et fut rencontré se dirigeant vers Port-à-Binson.
Le cadavre de LÉCLAPART fut trouvé dans le bois de Rodemat ; la figure était horriblement défigurée et la fureur de l'assassin avait été telle, que la tête de la victime n'était plus qu'un amas sanglant d'os et de chairs meurtris.
La voix publique a immédiatement désigné comme auteur du crime Isidore LÉCLAPART, qui a disparu en laissant son tablier au bord de la Marne pour simuler un suicide.
Le procureur impérial et le juge d'instruction se sont transportés sur les lieux du crime aussitôt qu'il est parvenu à leur connaissance.Voici le signalement de LÉCLAPART fils : taille 1 mètre 60 centimètres ; cheveux et sourcils châtain foncé, front couvert, yeux noirs et enfoncés, regard sombre et sournois, nez épaté et rouge, visage rond et bouffi, démarche lourde. Il a quitté Villers vers sept heures du soir, vêtu d'une blouse bleue à petit collet, garnie sur le devant de boutons de nacre, d'une chemise dont le devant était en toile neuve et marquée du C, d'un pantalon en cotonnade grise à raies, d'un gilet à manche en lustrine noire ; sa casquette est grise, avec visière en cuir, entourée d'un galon rouge recouvert en partie d'une bride en cuir avec boucle ronde.
(Le Droit)
Jean Baptiste LÉCLAPART, propriétaire vigneron, domicilié et né à Villers-sous-Châtillon (Marne), le 19 juillet 1814, fils de défunt Nicolas, et de défunte Adélaïde BRADIER, et époux de Magdelaine Alise CLÉMENT, vigneronne, est décédé à Binson-et-Orquigny (Marne), au lieu-dit le Bois de Rodemat le 13 décembre 1863. Pierre François CLÉMENT, 43 ans, propriétaire vigneron à Montigny, commune de Binson-et-Orquigny, beau-frère du défunt, et Louis Alexis THIBAUT, 25 ans, propriétaire vigneron, demeurant à Binson-et-Orquigny, gendre du défunt, ont déclaré le décès.
Jean Baptiste LÉCLAPART, vigneron, né le 19 juillet 1814, fils de Nicolas, décédé à Villers-sous-Châtillon, le 6 août 1836, fils d'Antoine, décédé à Villers-sous-Châtillon le 25 juin 1782, et de Marie Anne AUBRY, décédée à Villers-sous-Châtillon, le 30 nivôse de l'an 7, et de Adélaïde BRADIER, décédée à Villers-sous-Châtillon, le 31 mai 1819, fille de Jean, décédé à Reuil (Marne) le 23 pluviôse de l'an 5, et de défunte Marie Anne Marguerite LAGACHE, décédée à Reuil, le 12 novembre 1809, s'est marié à Villers-sous-Châtillon, le 27 décembre 1838, avec Magdelaine Elise CLÉMENT, née à Montigny, commune de Binson-et-Orquigny, le 25 avril 1821, fille de Pierre, vigneron, et d'Elisabeth Alexandrine Marie PREDAT.