On écrit de Valence (Drôme), le 17 décembre :
Le nommé Joseph GARDAN, âgé de vingt-cinq ans, qui avait été condamné, le 30 octobre dernier, par la cour d'assises de la Drôme, à la peine de mort pour crimes de parricide, d'assassinat, de faux et d'incendie, a été exécuté ce matin jeudi, à sept heures trois quarts, sur la place Saint-Félix.
Dès avant-hier, le bruit s'était répandu, du Palais dans la ville, que le dossier de la procédure avait fait retour au chef de notre parquet, qui avait aussi reçu l'avis du rejet du recours en grâce. Ce bruit fut bientôt confirmé par les ordres que donnait M. le procureur impérial LEPEYTRE pour l'exécution capitale qu'il avait fixée à aujourd'hui.
Ce matin, à cinq heures trois quarts, le greffier de la cours d'assises a été introduit dans le cachot de GARDAN, et, en présence du directeur et de l'aumônier des prisons, lui a signifié le rejet de ses pourvois en cassation et en grâce. Prenant alors la parole, M. le directeur lui a déclaré qu'il n'avait plus que deux heures à vivre. A ce moment, GARDAN a été pris d'une courte défaillance.
Mais, recouvrant aussitôt ses forces et son sang-froid, il a demandé à manger. Il a bu une demi bouteille de vin, s'est confessé, et a été remis ensuite aux exécuteurs, qui ont procédé à la fatale toilette.
A sept heures et demie, le condamné, escorté par la gendarmerie et des piquets d'artillerie, s'acheminait nu-pieds, en chemise et la tête recouverte d'un voile noir, vers la place Saint-Félix, où l'échafaud avait été dressé en face de la caserne d'artillerie. Sa démarche était assurée ; en passant il considérait la foule ; sa fermeté ne s'est pas un instant démentie.
Arrivé au pied de l'échafaud, il a embrassé le digne aumônier qui lui avait prodigué depuis sa condamnation les consolations de la religion ; puis il a gravi les marches de la fatale machine. Lecture a été alors donnée par un huissier de l'arrêt de condamnation, et, un instant après, la justice humaine était satisfaite.
Malgré la pluie qui tombait, la foule était nombreuse, et les femmes y dominaient. On évalue à près de six mille le nombre des personnes attirées par ce lugubre spectacle. Ce nombre eût été bien plus considérable encore sans le mauvais temps.
Voir le Siècle du 31 août
Joseph GARDAN, âgé de 26 ans, propriétaire cultivateur, né à Lens-Lestang (Drôme), domicilié à Bellegarde-Poussieu (Isère), époux de Claudine GERIN, fils de défunts Jérôme, et de Monique GUILLON, est décédé le 17 décembre 1863, à Valence (Drôme), sur la place dite du petit Saint Jacques.
Jérôme GARDANT, né à Lens-Lestang le 15 pluviôse de l'an 9, tisseur de toile, domicilié à Lens-Lestang, fils de Jean et de Claudine RAMPON, s'est marié le 9 février 1834, à Lens-Lestang, avec Françoise Monique GUILLON, née à Pact (Isère) le 12 frimaire de l'an 14, fille de Louis Joseph, décédé à Bellegarde-Poussieu, le 1er juin 1832, et de Françoise GIRAUD, ménagère à Bellegarde-Poussieu.