On lit dans le Moniteur de la Haute-Loire :
Bien loin de s'adoucir, les mœurs de nos montagnards semblent, au contraire, s'imprégner de plus en plus de ce sentiment de férocité stupide, legs fatal d'un passé plein de troubles et de violences.
C'est toujours à contrecœur que nous ouvrons nos colonnes à des faits de la nature de celui qu'on va lire, car ils témoignent trop hautement du peu de chemin qu'ont fait dans nos contrées -nous ne dirons pas le progrès, la civilisation- mais le sens du juste, celui de l'humanité !
Le chef-lieu de la commune de Beauzac était, dans la soirée de dimanche dernier, le théâtre d'un acte de brutalité sauvage, où le couteau jouait son rôle.
Un nommé DUFIEU, âgé de 23 ans, jeune soldat de la classe de 1860, originaire de Saint-Pal-en-Chalençon, réclamait à son camarade BOUTTE (Jean-Baptiste), soldat de ladite classe, originaire de la commune de Monistrol, une somme de 26 fr. BOUTTE, tout en reconnaissant devoir cette somme au sieur DUFIEU, le priait de lui accorder un délai de quelques jours, et pour l'obtenir, lui avait payé à dîner et à boire durant une partie de la journée.
Sur les cinq heures de l'après-midi, DUFIEU réclama plus impérieusement du sieur BOUTTE le paiement de cette somme. Ainsi pressé, ce dernier lui offrit alors tout ce qu'il avait d'argent, c'est à dire 14 francs.
Cette preuve de la bonne volonté de son débiteur, loin d'apaiser DUFIEU, ne fit, paraîtrait-il, que l'exaspérer davantage. Il provoqua d'une manière peu rassurante le sieur BOUTTE à venir dehors avec lui.
BOUTTE ne sortit pas en ce moment ; mais quelques instants après, ils se rencontraient dans la rue. DUFIEU, sans proférer une parole, saisit BOUTTE d'une main, et, de l'autre, lui porta trois coups de couteau : le premier au front, le second à la tempe gauche, et un troisième au dessus de l'épaule, du même côté.
Ces blessures, qui ont occasionné un épanchement de sang considérable, sont heureusement sans gravité.
DUFIEU n'est pas encore arrêté.
Jean Pierre DUFIEUX, fils de Jean Baptiste, âgé de 42 ans, cultivateur aux Combreaux de Saint-Pal-de-Chalençon (Haute-Loire), et de Marie GARNIER, âgée de 32 ans, est né le 27 juin 1840, à Saint-Pal-de-Chalençon. L'enfant est déclaré par Jean Pierre DUFIEUX, cultivateur aux Combreaux, âgé de 27 ans.
Jean Baptiste DUFIEU, cultivateur aux Combreaux de Saint-Pal-de-Chalençon où il est né le 28 février 1796, fils de Jean, décédé le 27 mars 1824, et d'Agathe RICHARD, s'est marié à Saint-Pal-de-Chalençon, le 16 janvier 1828, avec Marie GARNIER,, demeurant avec sa mère à Rousson, commune de Beauzac (Haute-Loire), née le 6 ventôse de l'an 13, fille de Jean Pierre, décédé le 27 juin 1820, et de Marguerite LANIEL.
Jean Baptiste BOUTTE est né à Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire), le 24 octobre 1841, fils de Benoît, âgé de 48 ans, charcutier à Monistrol-sur-Loire, et de Marie RIVIER, âgée de 38 ans.
Benoît BOUTTE, né à Monistrol-sur-Loire, le 5 avril 1792, boulanger, fils de Jean, décédé à Monistrol-sur-Loire, le 26 frimaire an 6, et de Cécile OUILLON, décédée à Monistrol-sur-Loire, le 29 juin 1792, veuf en premières noces de Jeanne CURSIN, décédée à Monistrol-sur-Loire, le 9 octobre 1821, s'est marié à Monistrol-sur-Loire, le 22 juillet 1824, avec Marie RIVIERE, née à Fay-sur-Lignon (Haute-Loire), le 31 décembre 1801, fille de Pierre, et d'Anne Marie BOUCHET, décédée à Fay-sur-Lignon, le 28 mai 1807.