Cours et tribunaux
Un jeune homme de vingt-trois ans, François-Joseph HUMBERT, ouvrier vannier, vient de comparaître devant la cour d'assises des Ardennes sous l'accusation d'un horrible assassinat commis sur la femme de son patron, le sieur LORET.
Depuis six ans, ce dernier, vannier à Givry, employait l'accusé, dont les mœurs dissolues avaient causé un grand scandale dans le village. Au commencement de l'année dernière, la dame LORET s'aperçut que HUMBERT fixait souvent sur elle des yeux ardents de convoitise, et cherchait les occasions de la trouver seule. Mais l'excellente moralité de cette femme, son caractère à l'abri du soupçon, son affection pour son mari et son froid dédain pour l'accusé, tout démontra bientôt à cet homme le peu de chance de succès que pouvaient avoir ses honteux projets. Dès ce moment, germa dans son âme l'odieuse pensée d'assassiner celle qu'il désespérait de séduire.
Le 4 août dernier, dans la matinée, alors que LORET était occupé aux travaux de la maison, HUMBERT qui depuis plus d'une heure était dans l'atelier, s'arma d'une masse de fer, instrument de sa profession, pénétra dans la cuisine, où la dame LORET se trouvait seule, et la tua. Il avait brisé la tête de sa victime de sept coups, dont chacun était mortel. Il resta auprès du corps jusqu'au moment où il fut certain que le dernier souffle de vie était éteint, puis il rentra chez lui, quitta son pantalon et son gilet qui étaient tachés de sang, changea de vêtements, et alla dans un cabaret où il but de la bière avec ses amis, sans qu'on ait remarqué chez lui la moindre préoccupation. De là, il se rendit chez l'instituteur qui faisait de la musique et se mit, avec une horrible tranquillité d'esprit, à répéter avec lui des chants d'église et des cantiques.
Cependant, la sinistre nouvelle de l'assassinat s'étant répandue dans le village, les habitants accoururent sur le théâtre du crime. HUMBERT s'y rendit aussi et y resta sans trouble jusqu'au moment où les regards d'une population irritée lui firent remarquer les soupçons qui pesaient sur lui. Dés lors, la crainte le saisit et il prit la fuite. Le soir même il fut arrêté et ramené à Givry, où la force publique fut obligée de le protéger contre l'irritation d'une population furieuse qui en voulait faire justice immédiate.
Mis en présence de sa victime et accablé par des preuves irrécusables, il a avoué son crime.
Déclaré coupable, sans circonstances atténuantes, HUMBERT a été condamné à la peine de mort.
Marguerite Germaine MALVEAUX, née le 28 mai 1830 à Foivre, commune de Givry (Ardennes), fille de Nicolas, décédé à Paris, et de Marie Rosalie BEAUDIER, décédée à Givry, est décédée le 4 août 1863, à Givry.
Albert LORET, vannier, demeurant à Givry où il est né le 22 février 1824, fils de Jean Baptiste, propriétaire, décédé à Givry, le 2 juillet 1841, et de Marie Madelaine BIGORGNE, âgée de 63 ans, domiciliée à Givry, s’est marié à Attigny (Ardennes), le 11 août 1850, avec Marguerite Germaine MALVAUX, domiciliée à Attigny, née à Givry, le 28 mai 1830, fille de Nicolas, propriétaire à Attigny, âgé de 65 ans, et de Marie Rosalie BAUDIER, décédée à Foivre, commune de Givry, le 17 avril 1838.
On trouvera trace de François Joseph HUMBERT dans les bagnes de Guyane.