Nous trouvons dans le progrès de Lyon le récit d'un touchant épisode qui vient de clore la session du conseil général du Rhône :
Un magnifique banquet réunissait avant-hier, au chalet du parc de la Tête-d'Or, les membres du conseil général, à l'occasion de la clôture de la session. M. DEVIENNE, premier président de la cour impériale de Paris, a ouvert la réunion par un chaleureux plaidoyer en faveur de la tolérance politique ; dans un discours plein de tact et de mesure, l'orateur s'est attaché à faire sentir la nécessité d'une conciliation entre les partis au nom de l'intérêt général, et il a su aborder les questions les plus délicates avec un sentiment des convenances et un bonheur d'expression qui ont désarmé toutes les susceptibilités et conquis tous les suffrages. Les auditeurs étaient encore sous le charme de cette parole élégante, lorsqu'une scène aussi touchante qu'imprévue est venue concourir à l'œuvre de M. DEVIENNE, en ralliant tous les cœurs et toutes les sympathies à une cause qui a le privilège de réunir les opinions les plus contraires, la cause de l'humanité.
Mlle GRAND, la fille du propriétaire du chalet, se présente au milieu de l'honorable assistance avec un petit être blanc et rose entre les bras ; on s'empresse autour de la charmante petite créature, on demande son histoire : elle était aussi simple que touchante. Le pauvre enfant avait été trouvé la veille au bord du lac, paisiblement endormi ; il avait été abandonné par sa mère ... Cette infortune excite la compassion générale : une douce pitié s'empare de tous les cœurs. M. ARLÈS-DUFOUR, obéissant à une généreuse pensée, prend soudain la parole et demande que le pauvre déshérité soit adopté par le conseil général et qu'une quête soit faite en sa faveur.
Cette proposition que chacun voudrait avoir faite, est adoptée à l'unanimité. Un plateau d'argent circule autour de la table du festin et se couvre bientôt de pièces d'or et d'argent : l'orphelin trouve du même coup un tuteur collectif que lui envieraient les héritiers les plus riches, et le noyau d'une fortune à venir, la somme de 500 et quelques francs. Les membres du conseil général s'empressent à l'envi de goûter les premières jouissances de l'adoption, chacun veut embrasser les joues vermeilles de l'intéressant petit pupille, et on se préoccupe ensuite de lui donner un nom. Par une attention pleine de délicatesse pour M. GRAND, le propriétaire du chalet à qui revient la première part de cette bonne action, l'enfant trouvé reçoit le nom de GRAND, et en souvenir de son puissant tuteur, le nom de CONSEIL complète ses titres de famille. Puissent les destinées futures de GRAND-CONSEIL répondre à l'éclat de son début dans la vie !
Louis Marius François GRAND-CONSEIL est déclaré à la mairie du 3ème arrondissement de Lyon (Rhône), le 31 août 1863, il sera dit né le 24 mars 1862, à Lyon. L'enfant a été remis à M. GRAND Charles, restaurateur au chalet du parc de la Tête d'Or.
Louis Marius François GRAND-CONSEIL, chef d'escadron au 7e régiment de hussards, sera reçu officier de la Légion d'honneur par décret du 14 février 1911, il était chevalier depuis le 12 juillet 1897. Louis Marius François décèdera le 4 octobre 1921.
Louis Marius François GRAND-CONSEIL, sous-lieutenant au premier régiment de chasseurs d'Afrique, en garnison à Blidah (Algérie), s'est marié le 9 janvier 1889, à Villeurbanne (Rhône), avec Françoise Louise Henriette Catherine GRAND, née le 12 mai 1863, dans le 3eme arrondissement de Lyon, fille d'Antoine Paul Ange GRAND, et de Thérèse Marie Catherine Gelormine RONDELLI, propriétaires rentiers domiciliés à Villeurbanne, 29 chemin du Grand Camp.