Le Moniteur viennois nous apporte les renseignements qui suivent sur un crime commis, dans la nuit du 17 au 18 août courant, sur la commune de Lenslestang, près du chemin de fer de Saint-Rambert à Grenoble, à un kilomètre environ de Beaurepaire.
La veuve GARDON habitait avec deux de ses enfants une petite propriété qu'ils faisaient valoir ensemble sur la commune de Lenslestang (Drôme). Elle avait son lit dans la cuisine de la maison.
L'aîné, GARDON, couchait dans l'écurie des vaches, et son frère, âgé de 18 ans, couchait sous un hangar de paille.
Dans la nuit du 17 au 18 août, la veuve GARDON et ses deux fils ont été assassinés, et, après la perpétration de ce crime, l'assassin a mis le feu aux quatre coins de l'habitation.
La lueur de l'incendie s'est projetée au loin et a été aperçue, vers trois heures du matin, par le sieur BOUCHARD, garde-barrière du chemin de Saint-Rambert à Grenoble.
Il s'est rendu immédiatement sur les lieux, et là un horrible spectacle s'est offert à sa vue.
La veuve GARDON gisait sans vie dans la cuisine, au pied de son lit ; elle était complètement défigurée par les nombreuses blessures qui lui avaient été faites avec un instrument contondant. Une chaise était couverte de sang ; probablement une lutte s'était engagée entre l'assassin et la victime.
BOUCHARD s'est empressé de retirer le corps de la femme assassinée pour l'empêcher de devenir la proie des flammes.
En poursuivant ses investigations, BOUCHARD a découvert, au couchant de l'habitation, le corps du jeune fils GARDON, en partie carbonisé ; néanmoins on a pu reconnaître à son cou une profonde blessure faite, selon toute probabilité, avec un couteau. Une mare de sang était autour de son corps. L'assassin a saigné sa victime.
Quant au fils aîné, son corps ne présentait plus qu'un amas informe de chair carbonisée, ce qui n'a pas permis de reconnaître les blessures qu'il a reçues.
Tous les bâtiments, tout le mobilier, à l'exception de l'armoire qui se trouvait dans la cuisine, deux vaches, une chèvre, et toutes les récoltes en grains et fourrages ont été consumés par l'incendie.
Le 18 août, à midi, le feu achevait son œuvre de destruction ; il ne restait de l'habitation que les quatre murs.
Il paraît que le vol n'a pas été le mobile du crime ; une somme de 100 fr., empruntée la veille par le jeune GARDON, a été retrouvée dans l'armoire, et une mauvaise montre en argent était encore suspendue au mur de la maison.
La rumeur publique attribue ce triple assassinat à un acte de vengeance.
Voir Le Constitutionnel du 20 décembre
Françoise Monique GUILLON, âgée de 56 ans, cultivatrice demeurant à Lens-Lestang (Drôme), quartier du Pré Neuf, veuve de Jérôme GARDAN, est décédée le 18 août 1863, dans son domicile de Lens-Lestang.
Françoise Monique GUILLON, fille de Joseph, cultivateur, et de Françoise GIRAUD, est née à Pact, le 12 frimaire de l’an 14.
Joseph GUILLON, cultivateur, né à Pact, le 29 octobre 1773, fils d’Henry, et de Marianne TURPIN, s’est marié à Pact, le 14 nivôse de l’an 13, avec Marguerite Françoise GIRAUD, née à Pact, le 9 janvier 1780, fille de Joseph, et de Louise FAURE
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Jean Joseph GARDAN, cultivateur, célibataire, âgé de 28 ans, né et domicilié à Lens-Lestang, quartier du Pré Neuf, fils de Jérôme, et de Françoise Monique GUILLON, est décédé le 18 août 1863, dans son domicile de Lens-Lestang.
Félix GARDAN, cultivateur, célibataire, âgé de 17 ans, né et domicilié à Lens-Lestang, quartier du Pré Neuf, fils de Jérôme, et de Françoise Monique GUILLON, est décédé le 18 août 1863, dans son domicile de Lens-Lestang.