Dans la matinée du vendredi 21 août, le nommé BOÏZE (Alexandre), du département des Alpes-Maritimes, soldat au 67e de ligne, en garnison à Cahors, fut trouvé mort dans une des cours de la caserne. Ce malheureux venait de mettre en exécution un projet de suicide depuis longtemps nourri : il s'était fait sauter la cervelle.
Souvent BOÏZE disait à ses camarades, en leur montrant une balle : "Celle-ci m'a manqué, mais je lui adjoindrai plusieurs compagnes, et mon affaire est certaine." Une large cicatrice qu'il avait au front attestait qu'il avait une autre fois déjà attenté à ses jours.
Dans la soirée du 20, au lieu de se coucher, BOÏZE se mit à écrire. Il paraissait très sérieusement occupé, et, sur l'observation de ses camarades que la chandelle allumée les empêchait de dormir, il répondait : "Un instant, j'ai fini ; demain je vous paierai la goutte."
Comme on a pu le voir, le lendemain, BOÏZE consacra la nuit qui précéda sa mort à écrire à son père. Sur un billet qu'on a aussi trouvé sur son lit, il léguait une pièce de 5 francs à chacun des quatre hommes qui porteraient son corps au cimetière. Il avait, assure-t-on, reçu de son père une pièce de 20 francs quelques jours auparavant.
Vendredi matin, le malheureux nettoya son fusil, puis il le chargea à balle, y ajouta deux cartouches, ce qui constituait une triple charge, et, muni de cette arme, il se dirigea vers la cour des manœuvres. Là, appuyé contre un acacia, ayant même ôté un de ses souliers pour mieux presser la détente, il posa le canon de son fusil contre son palais ... Son cadavre, affreusement mutilé dans la région du crâne, fut immédiatement transporté à l'hospice.
Alexandre BOIZE, fusilier au 67eme régiment de ligne, né à Gattières (Alpes-Maritimes) le 2 avril 1839, domicilié en garnison à Cahors (Lot), fils d'Honoré Victor BOIZE, né vers 1803, brigadier des douanes, et d'Annette BIGANI, est décédé le 21 août 1863 à la Caserne Impériale d'Infanterie de Cahors.
Honoré Victor BOIZE, né à Cannes (Alpes-Maritimes), le 25 juillet 1802, fils de Pierre, tonnelier, domicilié à Cannes, et d'Elisabeth SARDOU, âgée de 55 ans, s'est marié à Vallauris (Alpes-Maritimes), le 23 novembre 1829, avec Anne BREGAMY, née à Vallauris, le 14 juin 1809, fille de Jean Baptiste, âgé de 40 ans, fabricant de poterie, domicilié à Vallauris, et de Marie Thérèse SICARD, âgé de 41 ans.