Un épouvantable malheur, qui rappelle le douloureux accident dont M. DELÉON a été victime il y a quinze jours à peine à Saint-Valery, vient d'attrister la plage du bourg d'Ault, et de plonger dans le deuil une honorable famille d'Amiens.
M. CARPENTIER, maître adjoint à l'école normale d'Amiens, et marié depuis dix-huit mois à peine à Mlle BEAUMON, fille du directeur de cette école, était parti avant hier pour aller passer quelques jours de vacances avec sa jeune femme chez l'instituteur du bourg d'Ault.
Excellent nageur, M. CARPENTIER voulut prendre un bain dès le lendemain de son arrivée ; après avoir conduit Mme CARPENTIER à la mer, et l'avoir ramenée à sa cabine, il retourna au bain, en se plaignant toutefois de trouver l'eau très froide. Il avait à peine fait quelques brasses que ses forces défaillirent : soit qu'il fut pris de crampes, soit qu'il se sentit suffoqué, il appela au secours et disparut.
Un maître baigneur, entendant ses cris de détresse, se précipita à son aide ; M. CARPENTIER s'étant accroché à lui, ce dernier faisait des efforts impuissants pour se dérober à ses étreintes lorsqu'un second maître baigneur arriva jusqu'au deux noyés et parvint à débarrasser son camarade ; mais saisi à son tour par le moribond, il fut victime de son dévouement et englouti avec M. CARPENTIER.
Le premier maître baigneur fut bientôt rejeté sur la rive par une lame ; il respirait encore et, à force de soins, on parvint à le ranimer.
Toutes les tentatives faites par les témoins de ce tragique évènement demeurèrent également infructueuses, et malgré les supplications de la pauvre jeune femme, malgré le bon vouloir et les efforts de chacun, on ne put ravir à la mer ses victimes.
Ce tragique évènement a jeté la consternation sur tout le littoral.
Au moment où la personne qui fournit ces tristes détails au Journal d'Amiens a quitté le bourg d'Ault, les deux cadavres n'avaient pas encore été retrouvés.
François Léon GUILBAULT, domicilié et né à Ault (Somme) le 26 octobre 1830, époux de Marie Virginie Alexandrine HUET, fils de Joseph, hameçonnier, âgé de 60 ans, et de défunte Marie Françoise Rosalie LEFEBVRE, est décédé accidentellement en mer, le 20 août 1863. Sur la déclaration faites le 26 août 1863, par le père du défunt et Joseph GUILBAULT, âgé de 41 ans, ouvrier hameçonnier, frère du défunt, qui ont trouvé le même jour un cadavre qu'ils ont reconnu pour être celui de François Léon GUILBAULT.
Joseph François GUILBAULT, hameçonnier, né à Ault, le 4 brumaire de l'an 8, fils de François, décédé à Ault, le 15 brumaire de l'an 10, et de Marie Marguerite HOULIER, s'est marié à Ault, le 6 mars 1822, avec Marie Françoise Rosalie LEFEBVRE, né à Ault, le 13 frimaire de l'an 6, fille d'Alexis, charpentier à Ault, et de Justine PETIT.
Martial Théophile Ulysse CARPENTIER, âgé de 30 ans, premier maître adjoint à l'école normale d'Amiens, né à Noyelles-en-Chaussée (Somme), fils de Jean Baptiste Martial, et de Josephe Clotilde Pétronille NICOLLE, aubergistes domiciliés à Noyelles-en-Chaussée, époux de Julia Elisabeth Mathilde BEAUMONT, âgée de 24 ans, est décédé à la côte de Camiers (Pas-de-Calais), le 29 août 1863.
Martial Théophile Ulyse CARPENTIER, né à Noyelles-en-Chaussée, le 19 mars 1833, maître adjoint à l'école normale d'Amiens, demeurant 58 rue Saint Jacques à Amiens, inscrit dans la réserve sous le n°636, fils de Jean Baptiste Martial, âgé de 59 ans, aubergiste à Noyelles-en-Chaussée, et de Josephe Clotilde, Pétronille NICOLLE, âgée de 56 ans, s'est marié le 25 avril 1859, à Amiens, avec Julie Elisabeth Mathilde BEAUMONT, née le 12 janvier 1839, à Amiens, où elle demeure 58 rue Saint Jacques, fille de Jules Louis Antoine, âgé de 45 ans, directeur de l'école normale, et de Elisabeth TOULEMONDE, âgée de 44 ans, propriétaire.