L'Ami de l'Ordre donne des détails navrants sur un incendie qui a eu lieu à la ferme de Brives, à 7 kilomètres de Forcalquier (Basses-Alpes), et qui a fait quatre victimes.
La malveillance est étrangère à ce sinistre, et on ne sait s'il faut l'attribuer à l'imprudence, ou bien à la combustion spontanée du fourrage.
Dimanche, les trois enfants du fermier TISSOT, âgés de 18, 12 et 7 ans, et un enfant de l'hospice, JOURDAN, âgé de 6 ans, étaient couchés dans le grenier, selon l'usage de la campagne, lorsque la fille TISSOT, qui allait se coucher dans une autre pièce, aperçut les flammes qui sortaient à travers les fenêtres du grenier. A ses cris, son père accourut ; il allait en franchir la porte quand il en vit sortir son fils aîné, ses vêtements en flamme ; il voulut éteindre le feu, mais il eut les deux mains et la partie gauche de la figure brûlées.
Sa fille Marie-Philomène, s'efforça de l'aider dans cette horrible tâche : ayant voulu prendre une des mains de son frère, elle retira la peau de cette main comme si c'eût été un gant. Le pauvre jeune homme était dans un état pitoyable ; son corps n'était qu'une plaie, et le docteur PASCAL, appelé en toute hâte, n'arriva que pour assister à son agonie. Cette agonie dura encore six longues heures, pendant lesquelles, au milieu des souffrances les plus atroces, il conserva assez de présence d'esprit pour rendre compte des diverses phases du drame lugubre dont il a été le héros et la victime.
Aussitôt qu'il s'était senti réveillé de son premier sommeil, toujours si profond chez les jeunes gens, sa première pensée fut de sauver ses frères, eux aussi profondément endormis et surpris par la soudaine invasion du feu. Il saisit l'un d'eux, s'efforça de se frayer, en l'entraînant avec lui, une issue à travers les flammes ; mais quand il arriva à la porte de sortie, l'enfant était mort. Le troisième frère et le jeune domestique avaient éprouvé le même sort. Les restes de ces trois infortunés se composaient de lambeaux de chair carbonisés, d'ossements calcinés. C'était un horrible spectacle.
Aux premiers cris, les habitants des maisons voisines sont accourus et ont éteint le feu, dont les ravages ont été circonscrits dans le grenier à foin. Le dommage matériel se borne à la perte de la toiture et du fourrage, montant au maximum à 1.000 fr.
L'inhumation des quatre malheureux jeunes gens a eu lieu au milieu d'une foule nombreuse et sympathique, qui se pressait à cette funèbre cérémonie. Il y avait parmi les assistants le sous-préfet de Forcalquier, accompagné de son secrétaire, le maire de cette ville et son adjoint.
Pascal Alphonse JOURDAN, fils des Hospices de Marseille, âgé de 6 ans, est décédé le 28 juin 1863, à la campagne de Brives, commune de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence).
Ferdinand Casimir TISSOT, âgé de 6 ans, né à Forcalquier, fils de Joseph Elzéar Marius, cultivateur, et de Françoise Charlotte RAFFIN, fermier à la campagne de Brives, est décédé à la campagne de Brives, commune de Forcalquier, le 28 juin 1863.
Alphonse François TISSOT, âgé de 12 ans, né à Forcalquier, fils de Joseph Elzéar Marius, cultivateur, et de Françoise Charlotte RAFFIN, fermier à la campagne de Brives, est décédé à la campagne de Brives, commune de Forcalquier, le 28 juin 1863.
Achile TISSOT, cultivateur, âgé de 17 ans, né à Forcalquier, fils de Joseph Elzéar Marius, cultivateur, et de Françoise Charlotte RAFFIN, fermier à la campagne de Brives, est décédé à la campagne de Brives, commune de Forcalquier, le 28 juin 1863.
Joseph Elzéar Marius TISSOT, agriculteur, âgé de 26 ans, né à Roussillon (Vaucluse), domicilié à Sigonce (Alpes-de-Haute-Provence), fils de Joseph, agriculteur, et de défunte Marie PELLISSON, s'est marié à Lurs (Alpes-de-Haute-Provence), le 29 octobre 1834, avec Françoise Charlotte RAFFIN, âgée de 22 ans, née et domiciliée à Lurs, fille de Jean Baptiste, ongreur, et de Catherine PHILIBERT.