Nous lisons dans le Mémorial de la Loire du 19 :
Un bien triste accident est arrivé, hier matin, vers neuf heures et demie, à la mine de Monthieu.
M. FAMIN, ingénieur du gouvernement, venait de terminer une visite dans la mine, et il remontait par le puits Neuf avec M. MALLIQUET, sous-ingénieur de la Compagnie, qui l'avait accompagné dans son excursion. Ils étaient déjà arrivés à la moitié du puits, lorsqu'un énorme bloc de pierre, se détachant subitement du parement, est tombé dans la benne et a écrasé M. MALLIQUET.
Le père de cet infortuné, gouverneur de la mine, et qui se trouvait, en ce moment, au fond du puits, regardant de la Recette l'ascension s'accomplir, s'est aperçu de l'accident et a immédiatement hélé pour que l'on redescendit la benne. Cet ordre a été aussitôt exécuté. Quand la benne a été au bas, on a retiré M. FAMIN ; il était évanoui et avait la hanche contusionnée. Quant à M. MALLIQUET, il avait complètement disparu sous le bloc, si bien que l'on s'est un instant demandé s'il n'était pas tombé dans le puisard. On a renversé la benne, et quand elle a été, à l'aide de cette manœuvre, débarrassée de la pierre, on a retrouvé son cadavre réduit à d'informes débris.
Ce funeste évènement a produit la plus douloureuse impression dans le personnel de la mine, où M. MALLIQUET, jeune homme d'une trentaine d'années, était universellement estimé et aimé.
L'accident ne paraît devoir être attribué qu'à cette fatalité qui tient toujours la mort suspendue sur la tête de quiconque travaille dans les mines, ingénieurs et ouvriers. La veille encore, les parements du puits avaient été soigneusement examinés, et cet examen n'avait fait naître aucune appréhension.
On a constaté que le chapeau qui protège la benne n'avait pas été touché. La pierre aurait-elle ricoché ? Cette hypothèse est peu vraisemblable, car cette pierre ne pesait pas moins de 350 kilogr., et si elle était tombée d'une certaine hauteur, il n'est pas douteux qu'elle aurait enfoncé la benne et l'aurait mise en pièces. Ce qui paraît le plus probable, c'est que la benne se trouvait juste à la hauteur du bloc au moment où il se détachait et qu'il aurait glissé dedans.
M. FAMIN est au lit. On espère qu'il sera assez promptement guéri de la contusion qu'il a reçue.
M. le procureur impérial et M. le juge d'instruction se sont rendus sur les lieux.
Claude MALLIQUET, ingénieur aux mines de Monthieu, âgé de 32 ans, né à Saint-Jean-Bonnefonds (Loire), époux de Marie CHANUT, tailleuse, est décédé à Saint-Etienne (Loire), Puits Neuf à Monthieu, le 18 mai 1863.Auguste HÉRAUD, 35 ans, entrepreneur aux mines de Monthieu, beau-frère du défunt, déclare le décès.
Claude MALLIQUET, fils d'André, et de Catherine REYNAUD, est né le 9 octobre 1831, à Saint-Jean-Bonnefonds. Etienne MALLIQUET, âgé de 49 ans, grand-père du nouveau-né, et Etienne MALLIQUET le Jeune, âgé de 39 ans, frère du précédent, les deux ouvriers aux mines, déclarent la naissance.
André MALLIQUET, ouvrier aux mines, né à Saint-Jean-Bonnefonds, le 2 août 1807, fils d'Etienne, ouvrier aux mines, et de Théodore OGIER, s'est marié le 15 juillet 1829, à Saint-Jean-Bonnefonds, avec Catherine REYMOND, passementière, née à Saint-Galmier (Loire), le 25 mais 1806, fille d'Antoine, décédé aux Sorbiers (Loire), le 31 janvier 1821, et de Benedite BREGNIER, décédée à Outre-Furent (Loire), le 18 novembre 1825.
Etienne MALLIQUET, journalier, né à Saint-Jean-Bonnefonds, le 28 septembre 1782, fils d'André, cultivateur, et de Jeanne Marie BONNEFOY, s'est marié le 6 février 1807, à Saint-Jean-Bonnefonds, avec Théodore OGIER, née à Rive-de-Gier (Loire), le 1er juillet 1788, fille d'Etienne, extracteur de mines de charbon de pierre, et de Catherine SAUJÉON.