Le petit village de Suresnes offrait hier un spectacle inaccoutumé. Toutes ses rues étaient encombrées, les travaux étaient suspendus, toute la population était aux fenêtres, attendant un funèbre cortège qui descendait lentement des hauteurs du Mont-valérien. A son approche, toute cette foule se rangea silencieusement, formant la haie des deux côtés, comme s'il se fut agi d'un convoi officiel, se découvrant avec respect devant ce char qui portait les restes mortels d'une femme modeste, mais dont la charité incontestable répandait ses bienfaits, depuis dix ans, sur tous les malheureux de cette commune.
Cette femme de bien habitait le château des Landes et s'appelait Mme LEBRETON. Les pauvres veuves, les orphelines et les petits enfants, toutes les misères enfin, trouvaient en elle un sûr appui, de bienfaisantes consolations et une bonté inépuisable.
On peut dire de Mme LEBRETON ce que dit l'Ecriture de la femme morte : Aperuit manum suam inopi, et palmas suas extendit ad pauperem.
Adélaïde Scholastique de COSTES, rentière, demeurant au château des Landes, au Mont Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine), âgée de 71 ans, fille de Claude Mathieu, et d'Adélaïde Julie LEVIEUX, veuve d'Edouard LEBRETON, est décédée en sa demeure, le 6 mai 1863. Félix Isidore MARCHAND, 59 ans, négociant demeurant à Paris, et Alfred Ernest LEFÈBURE de SAINT-MAUR, âgé de 57 ans, avoué, tous les deux gendres de la défunte, déclarent le décès.