Un fatal accident, qui a eu des conséquences bien douloureuses, est arrivé hier, vers cinq heures de l'après-midi, sur les chantiers de terrassement des fronts ouest au Havre. Un certain nombre d'ouvriers à la tâche, sous la direction d'un chef de bordée, travaillaient à préparer l'éboulement d'un fort massif de terre attenant à la poterne en maçonnerie située dans le bastion n°12, à l'extrémité de la rue de la Mailleraye.
A cet effet, et ainsi que cela se pratique d'habitude, deux cheminées ou tranchées verticales avaient été creusées profondément de chaque côté de la masse de terre que l'on se proposait de faire ébouler. La cheminée du côté est était terminée, celle du côté ouest très avancée, sous la pioche d'un ouvrier nommé ANNETTE (Léon), âgé de trente-cinq ans, qui achevait de la creuser, en même temps qu'un nommé BUTEL dégageait le pied de la masse de terre ; deux autres ouvriers, LEQUERRE (Guillaume), âgé de vingt et un ans, et NICOLLE (Ferdinand), âgé de dix-neuf ans, déblayaient le terrain avec une brouette.
Par malheur, dit le Journal du Havre, et contrairement à ce qui se fait toujours en pareille circonstance, ni le chef de bordée ni aucun des hommes placés sous sa direction ne s'étaient mis en observation pour surveiller les mouvements du terrain et avertir en cas de danger leurs camarades d'avoir à se retirer. Au moment donc où, à l'improviste, le lot de terre s'est affaissé, des quatre ouvriers occupés, un seul, le nommé BUTEL, a été assez heureux pour se sauver ; les trois autres ont été surpris par l'éboulement ; l'un d'eux, LEQUERRE, tué sur le coup.
Immédiatement ont commencé les travaux de sauvetage. Le cadavre de LEQUERRE a été retiré, et les deux autres ouvriers n'ont pas tardé à être également dégagés. L'un de ces derniers, ANNETTE, avait l'épaule gauche luxée ; l'autre, NICOLLE, n'a eu que de légères contusions ; il a pu rentrer à pied à son domicile.
Le corps du malheureux LEQUERRE a été transporté, par les soins de la police, chez sa mère, dont il était l'unique soutien, et qui est âgée de soixante ans. Ses deux frères, âgés l'un de dix-huit et l'autre de vingt-six ans, sont presqu'entièrement aveugles. Cette mort laisse dans la désolation et sans appui trois personnes à peu près incapables de gagner leur vie.
LE QUERÉ Guillaume, journalier, né à Plounévez-Moëdec (Côtes-d'Armor), le 5 août 1842, fils de feu Guillaume, et de Marie Jeanne LE CONTELEC, célibataire, est décédé au Havre (Seine-Maritime), le 29 avril 1863.
Guillaume LE QUERÉ, journalier à Plounévez-Moëdec, né à Louargat (Côtes-d'Armor), le 18 floréal de l'an 10, fils de Yves, décédé à Louargat, le 12 mai 1812, et de Françoise TOUDIC, filatière, veuf d'Henriette LE MEZ, décédée le 18 avril 1830, à Plounévez-Moëdec, s'est marié le 14 juillet 1831, à Plounévez-Moëdec, avec Marie Jeanne LE CONTELEC, née à Pont-Melvez (Côtes-d'Armor), le 14 janvier 1808, fille de Charlotte LE CONTELEC, filandière à Plougonver (Côtes-d'Armor).