là où les platanes effacent la vie citadine
là où une fumée bleuâtre la rappelle
une petite vieille s’est endormie
le sang blanc des hommes est taché
et je lui chuchote
que nous ne verrons plus de fruits sur les pommiers
je disparais en écho
et me berce dans un cercueil de brumes
sans que rien ...
non, plus rien
je deviens sourd
m’enlise dans une mare de regards
des traits de feu
des scalpels de l’imagination
des pinces à censurer
pauvre dernière cigarette
qui achève sa vie entre mes doigts
pauvre petit dernier
à supprimer parce que trop imaginatif
pauvre pauvre pauvre
une silhouette se dessine
et, derrière elle, un corps
je suis taché de sang
blanchi de sang
par la volonté de ceux qui m’ont saigné
et pour le malheur de ceux qui l’ont été
que la source m’accueille et me protège pour un instant
que le verglas qui s’amasse en signe de deuil
me fasse un linceul
que ceux qui me refusent se préparent à hypocriser
que que que que que
vous souffrirez
et vous deviendrez mare de béton
fleuve d’asphalte
création de créations
mur de briques mortes
vous souffrirez