On lit dans l'Impartial du Nord :
"La commune de Bruai vient d'être péniblement impressionnée par suite d'un enterrement civil, qui a eu lieu mercredi 14 courant. Dire les commentaires de toute espèce qui ont circulé, chacun le comprendra d'après le simple récit qui nous en a été fait, et que nous croyons devoir reproduire dans l'intérêt de l'Église et des familles. Puisse la publicité que nous donnons à cet abus déplorable amener une réforme sur un règlement digne du moyen âge. Voici le fait :
"Lundi dernier, vers sept heures du matin, un ouvrier bûcheron, le nommé Pierre Joseph LECONTE, âgé de 59 ans, domicilié à Bruai, était occupé à abattre un arbre sur le territoire d'Anzin, lorsque par une circonstance fâcheuse, l'arbre, qui se trouvait pourri sur sa base, s'abattit si inopinément et tomba d'une manière si malheureuse, que l'infortuné bûcheron n'eut pas le temps de se garer et eut plusieurs côtes enfoncées. Transporté dans une maison voisine, rue de la Cave, le pauvre ouvrier survécut quelques heures à ses horribles blessures ; on eut le temps toutefois d'appeler près de son lit de mort M. le curé d'Anzin, qui lui administra les derniers sacrements. M. le curé de Bruai, nous assure-t-on, vint aussi visiter le moribond, qui succomba bientôt. La famille fit transporter le corps au lieu de sa résidence.
"Mercredi matin devait avoir lieu son enterrement dans les formes ordinaires. M. le curé était prévenu, tout était préparé pour la cérémonie religieuse d'usage en pareil cas, lorsque, une heure avant l'office, M. le curé de Bruai reçut un exprès de son collègue d'Anzin qui, invoquant certains règlements ecclésiastiques, lui enjoignait de ne pas faire de service et de refuser son concours pour l'enterrement, à moins que la famille ne consentit à payer un double service mortuaire, à Anzin d'abord, où LECONTE était décédé, à Bruai ensuite, où résidait le défunt.
"La famille n'est pas riche ; elle voulait bien payer une messe, mais deux c'était trop ; elle refusa. Voilà pourquoi M. le maire de Bruai, accompagné de son conseil municipal et des principaux habitants de la commune, a opéré cet enterrement civil. Cette mesure a causé une sensation d'autant plus pénible que le malheureux LECONTE était généralement aimé. On ne comprenait pas les motifs de l'abstention du clergé, car on savait positivement qu'il avait reçu les secours de la religion.
"Nous nous bornons à raconter le fait sans commentaires, laissant à chacun le soin d'apprécier la conduite désintéressée de M. le curé d'Anzin.
"Ainsi pour exécuter à la lettre ce règlement invoqué si maladroitement, la famille d'une personne morte accidentellement dans une commune qui n'est pas la sienne, devra, pour obtenir le concours ecclésiastique, payer un service funèbre dans la commune où l'accident est arrivé, puis dans la commune où se trouve la résidence du défunt. Il y a là, selon nous, abus criant et que l'on ne doit pas hésiter à réformer.
"Ajoutons, pour être impartial, que M. le curé de Bruai s'est parfaitement montré en cette circonstance, et qu'il a offert spontanément de célébrer gratuitement la cérémonie religieuse, si on voulait désintéresser son collègue d'Anzin. Cette offre généreuse a été malheureusement transmise trop tard à la famille qui, n'ayant alors qu'un service ordinaire à solder, aurait évité avec bonheur un scandale regrettable sous tous les points de vue".
H. DUPONT.
Pierre Joseph LECONTE, domicilié et né à Bruay-sur-l'Escaut (Nord), le 2 février 1804, fils de feu Donat Joseph, et de feue Marie Michel QUEROIS (QUARREZ), mariés le 20 pluviôse de l'an 8, à Bruay-sur-l'Escaut, époux de Marie Claire Josephe HOUDART, âgée de 55 ans, est décédé en la demeure de la veuve RUFFIN, rue de la Cave, à Anzin (Nord), le 11 janvier 1863.
Pierre Joseph LECONTE, fils de feu Donat, journalier, et de Michèle QUAREZ, ménagère, s'est marié à Bruay-sur-l'Escaut, le 21 décembre 1831, avec Marie Claire Joseph HOUDART, domiciliée et née à Bruay-sur-l'Escaut, le 2 mars 1807, fille de Michel Joseph, ouvrier aux mines, et de feue Marie Rosalie DEVALLEZ.