Encore un salon que la mort vient de fermer ! Il y avait dans le faubourg Saint-Honoré, un salon qui fit longtemps le pendant de celui de l'Abbaye-aux-Bois, dans le faubourg Saint-Germain ; un salon où se retrouvaient chaque soir les plus agréables causeurs du monde diplomatique et parlementaire, les plus charmantes causeuses du monde le plus élégant ; un salon où, avant 1848, se rencontrèrent souvent M. GUIZOT et la princesse Mathilde ; ce salon, où la mort avait déjà tant moissonné de hauts épis, de longtemps au moins, n'entendra plus que les regrets douloureux de trois femmes désolées, la mère et les deux filles, douées toutes les trois d'autant de grâce que de bonté : Mme de COURBONNE est allée tenir compagnie à Mme RÉCAMIER, son émule, et à une grande muse, son amie.
Cette femme, qui mettait tout son esprit, et elle en avait beaucoup, à faire valoir l'esprit des autres, a voulu mourir comme elle avait vécu, en s'effaçant. Elle avait prescrit que son convoi fût modeste et qu'on donnât à la misère affamée ce qu'on épargnerait sur les pompes funèbres ; elle avait interdit qu'on envoyât aucun billet de faire-part ; aussi, beaucoup de ses amis n'apprendront-t-ils sa mort que par ces lignes de profonds regrets, signées d'une constante amitié de quarante ans.
Émile de GIRARDIN
Antoinette Camille LE PESCHEUX, propriétaire, née à Lyon (Rhône), vers août 1789, fille d'Antoine, et de Françoise BARBERIS, veuve de Nicolas Auguste Roland de COURBONNE, est décédée le 12 janvier 1863, 11 rue Royale Saint Honoré, à Paris.
Antoine LE PESCHEUX, fils de Simon, avocat au parlement de Paris, et de Magdeleine RENAUD, s'est marié à Lyon (Saint-Pierre Saint-Saturnin), le 1er mai 1761, avec Françoise BARBERIS, fille de Jean Thomas, et de Jeanne DARESTE.