En janvier 1862, un sieur BASSIÈRE, cultivateur aisé de Saint-Evroult-de-Montfort, était tué d'un coup de fusil tiré le soir au travers d'une fenêtre, pendant qu'il soupait avec un ami, au retour d'un voyage, et un moment après que sa femme, son fils, Albert BASSIÈRE, et sa servante, la fille Françoise LERÉVÉREND, venaient de quitter la table. En juillet dernier, Albert BASSIÈRE, un tout jeune homme, presqu'un enfant (il n'a que dix-sept ans), était condamné aux travaux forcés à perpétuité, pour crime de parricide, en même temps que sa mère et la servante, ses coaccusées, étaient acquittées. Le pourvoi en cassation de BASSIÈRE rejeté le condamné a fait des révélations ; il a désigné sa mère, la servante et six autres personnes comme ayant formé le complot de donner la mort à son père. Il disait que lui, Albert, était entré dans le complot poussé par sa mère, par l'amant de sa mère, par la servante, par d'autres encore, tous mus par un intérêt plus ou moins direct, mais dans la pensée de tuer BASSIÈRE père et de dissiper sa fortune dans l'oisiveté et l'orgie. Par suite de ces révélations, l'affaire évoquée par M. le procureur général de Caen, une nouvelle instruction a été faite, et un arrêt de la chambre des mises en accusation a renvoyé devant la cour d'assises de l'Orne :
1° Dominique GIBORY, journalier, vingt-six ans, domicilié à Anceins
2° Alphonse-Aristide HOULETTE, meunier à Saint-Eyroult-de-Montfort, vingt-cinq ans
3° Céleste-Adélaïde QUÉRIOT, quarante-quatre ans, journalière à Saint-Evroult-de-Montfort
4° Françoise-Irma HOULETTE, femme POTEL, trente-huit ans, sans profession, domiciliée à Saint-Evroult-de-Montfort;
5° Alexandrine-Arseline HOULETTE, femme MONNIER, vingt-six ans, sans profession, demeurant à Saint-Evroult-de-Montfort
6° Césarine-Honorine TOUSTIN, femme GIBORY, vingt-huit ans, gantière, demeurant à Anceins.
Ils sont accusés, le premier, Dominique GIBORY, d'homicide volontaire, avec préméditation, sur la personne de BASSIÈRE père ; tous les autres, avec des circonstances différentes, de complicité par aide ou assistance, ou de provocations par dons, promesses, machinations.
[...]
Le président prononce l'acquittement des femmes MONNIER, POTEL et GIBORY. On les fait sortir de la salle; elles en sortent en poussant, les deux premières surtout, des cris déchirants.
La cour a condamné GIBORY aux travaux forcés à perpétuité, la fille QUÉRIOT à vingt ans de travaux forcés et à la surveillance perpétuelle, HOULETTE aux travaux forcés à perpétuité et à 100 fr. d'amende.
Tous trois entendent prononcer leur arrêt sans manifester d'émotion apparente.
François Albert BASSIÈRE, propriétaire et marchand de vaches, né à Chaumont (Orne), le 14 mars 1820, domicilié à Saint-Evroult-de-Montfort (Orne), fils de Pierre François, rentier, décédé à l'âge de 68 ans à Mardilly (Orne), et de Françoise Hélène POUHIER-GOUJIER, décédée à l'âge de 39 ans à Saint-Evroult-de-Montfort, époux de Clémence GRAVELLE, âgée de 36 ans, est décédé le 23 janvier 1862, au village Deshayes, à Saint-Evroult-de-Montfort.
Pierre François BASSIÈRE, âgé de 31 ans, originaire de Neuville-sur-Touques (Orne), fils de François, et de Barbe BAUVAIS, demeurant à Chaumont, s'est marié à Chaumont, le 13 septembre 1819, avec Françoise Hélène GONYER, âgée de 17 ans, domiciliée et née à Chaumont, fille de René, décédé à Chaumont, le 7 juillet 1813, et de Françoise AUBRY, décédée à Chaumont, le 8 juin 1819, fille de défunt Jean AUBRY.