On écrit de Quesnoy-sous-Airaines au Journal d'Amiens :
Un homme de cette commune, le nommé Théophane DUMEIGE, vient de succomber aux suites d'une maladie extraordinaire, dont la science ne possède que de rares exemples.
Depuis cinq ans déjà DUMEIGE avait commencé à en ressortir les premières atteintes et depuis cette époque il n'a jamais pu digérer qu'une nourriture très douce et très légère. Cependant il ne souffrait pas, et l'état général de sa santé était si peu altéré, qu'il était fort, puissant et que dans le village on attribuait sa répugnance pour certains aliments à la gourmandise.
Mais il y a six semaines des symptômes d'un nouveau genre se déclarèrent : DUMEIGE fut pris de vomissements, et parmi les matières expulsées on ne fut pas peu surpris d'apercevoir une innombrable quantité d'animalcules dont la forme globulaire était comparable à celle des têtards (premier degré de la transformation de l'œuf des batraciens : grenouilles et crapauds).
Les vomissements devinrent de plus en plus fréquents ; bientôt le malade ne put supporter aucune espèce d'alimentation ; et malgré les soins qui lui furent prodigués par M. RANÇON, officier de santé, DUMEIGE mourut le 18 de ce mois, laissant une veuve et une orpheline.
L'officier de santé que nous venons de nommer n'évalue pas à moins d'un boisseau la masse d'entozoaires que le malade a rendus par en haut et par en bas, et il se propose d'adresser à l'Académie de Médecine un rapport détaillé des phénomènes dont il a été témoin.
Ces phénomènes méritent en effet d'être racontés dans tous leurs détails, car ils pourront jeter, s'ils ont été observés avec soin, une lueur nouvelle sur la question si controversée de la génération spontanée.
Les savants ont plusieurs fois constaté la présence dans le corps humain d'animalcules vésiculaires dont la production a été attribuée par les uns à une cause externe, par les autres à une cause interne, mais dont le mécanisme physiologique n'est pas encore irréfutablement démontré.
Ce n'est pas en effet seulement dans le tube digestif qu'on a trouvé des entozoaires, mais aussi dans le foie, les reins, la plèvre, les muscles et même dans le cerveau.
Les animalcules rendus par DUMEIGE étaient, selon toute probabilité, des échinocoques, espèce d'entozoaires que l'on désignait autrefois sous le nom générique d'hydatides, et qui forment aujourd'hui dans l'ordre des entozoaires vésiculaires un genre très voisin des acéphalocystes. On les trouve d'ailleurs dans les mêmes parties que ces derniers, mais on les observe plus rarement, et ils sont, par conséquent, beaucoup moins connus.
Théophane Geoffroy DUMESGES, tisserand, âgé de 26 ans, né et domicilié à Quesnoy-sur-Airaines (Somme), fils de Jean Baptiste, âgé de 56 ans, tisserand, et de Florence DUVAL, époux de Marie Philomène CHEMINEL, est décédé à Quesnoy-sur-Airaines, rue de Plaisance, le 18 mars 1863. Le père du défunt et Florent DUMESGES, tisserand, âgé de 33 ans, frère du défunt, déclarent le décès.
Jean Baptiste DUMESGE, domicilié et né à Quesnoy-sur-Airaisnes, le 18 mai 1806, berger, fils de Jean Baptiste, berger, âgé de 55 ans, et de Josephe BOULLY, décédé à Quesnoy-sur-Airaines, le 22 septembre 1828, s'est marié à Quesnoy-sur-Airaines, le 4 novembre 1828, avec Florence DUVAL, domiciliée et née à Quesnoy-sur-Airaines, le 28 octobre 1806, fileuse, fille d'Ignace, âgé de 43 ans, et de Prudence BOULLY, âgée de 41 ans.
Jean Baptiste DUMESGE, berger, âgé de 24 ans, fils d'Augustin, et de défunte Marie Charlotte LE SENNE, s'est marié à Quesnoy-sur-Airaines, le 29 brumaire de l'an 6, avec Maire Josephe BOULLY, fileuse, âgée de 23 ans, fille de Léonard, et de Marie Josephe GODARD.