La gendarmerie a amené lundi à Rouen un ouvrier tisserand d'Elbeuf, âgé de quarante-huit ans, nommé Gabriel DORIVAL, qui a étranglé sa femme.
Cet individu, qui vivait en mauvaise intelligence avec sa femme, d'une conduite, dit-on peu exemplaire elle-même, était resté couché toute la journée de jeudi, et le soir avait demandé de la soupe, que sa femme lui avait refusée. Vers six heures du soir, il menaça celle-ci de l'étrangler, si elle ne lui donnait pas cette soupe qu'il lui réclamait, et sur un nouveau refus, il saisit la malheureuse à la gorge et ne desserra ses mains que lorsque les bras de la pauvre femme retombèrent inertes. Il la mit alors sur son lit et sortit en fermant sa chambre à la clé et en mettant cette clé sous la porte. Il revint le lendemain, appela sa femme comme si elle eut pu lui répondre, reprit la clé où il l'avait mise, entra, prit dans les poches de la morte une somme de deux à trois francs, et vint se promener à Rouen. Samedi, il était de retour à Elbeuf, et, après avoir fait une nouvelle apparition chez lui, il alla passer la nuit dans le bois des Essarts. Enfin, dimanche soir, cet homme est allé trouver le commissaire central d'Elbeuf, à qui il a déclaré le plus tranquillement du monde qu'il avait étranglé sa femme.
On croyait d'abord à une hallucination d'homme ivre ; mais bientôt on a pu se convaincre de l'horrible vérité, et le coupable a été arrêté.
M. le juge d'instruction et M. le procureur impérial se sont rendus hier matin à Elbeuf, accompagnés de M. le docteur DESBOIS, qui a fait l'autopsie, et hier soir, comme nous le disons plus haut, Gabriel DORIVAL a été écroué à la maison d'arrêt de notre ville.
DORIVAL est père de 2 enfants, un fils qui est maintenant à l'armée et une fille en ce moment à l'hôpital d'Elbeuf.
Marie Elisabeth MORAINVILLE, née à Saint-Aubin-Jouxte-Boullenq (Seine-Maritime), le 16 février 1816, fille de défunt Eugène, et d'Elisabeth GUERRE, femme de Gabriel DORIVAL, mariés à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), le 28 septembre 1836, tisserand, a été trouvée morte à Elbeuf (Seine-Maritime), rue du Neubourg, le 9 mars 1863.
Eugène MORAINVILLE, âgé de 23 ans, tisserand, fils de Charles, et de Marguerite ACIR, s'est marié à Saint-Aubin-Jouxte-Boullenq, le 31 octobre 1809, avec Elisabeth GUERRE, âgée de 24 ans, fille de Michel, et de Madeleine TIERCE.