Mercredi 25 février, jour du tirage au sort à Villiers-Saint-Georges, les jeunes gens de Sourdun, après avoir tiré leurs numéros, revinrent dans leur pays, accompagnés de leurs parents. Ils dînèrent tous ensemble. M. BERNARD, qui est veuf et père d'un des conscrits, faisait, avec son fils, partie du banquet. Il avait laissé seule à la maison, sa fille âgée de quatorze ans, et qui s'était couchée. Son lit n'est séparé de celui de ses parents que par une alcôve. Quant au fils, il couche dans l'écurie, afin de pouvoir surveiller les chevaux. Il était environ dix heures du soir, Mlle BERNARD entendit du bruit à la porte. On tourmentait la serrure en parlant à voix basse ; elle eut peur et resta muette.
Après quelques efforts, la porte s'ouvrit et deux hommes entrèrent dans la maison. Ils allumèrent une lanterne que l'un d'eux tenait à la main : la petite BERNARD s'était cachée sous le matelas du lit ; on avait retiré la paillasse pour renouveler la paille, de sorte que son corps n'augmentait pas le volume ordinaire de son lit : elle se plaça de façon à pouvoir respirer. Elle vit les deux hommes allumer leur lanterne, puis la lampe suspendue près de la boîte à horloge ; la lumière la frappait en plein visage.
Les malfaiteurs forcèrent la porte de l'armoire à l'aide d'une hache et d'un ciseau. Ils renversèrent un tiroir qui contenait 5 fr. en sous ; ils s'empressèrent de les ramasser ; ils arrachent du meuble quatre à cinq paires de drap ; ils vont à la commode, forcent encore la serrure, prennent dans un tiroir 150 fr. en or ; ils s'emparent d'une douzaine de chemises d'homme, ils font un paquet, vont à la fenêtre et disent à leurs complices qui attendaient dans la rue : tenez, prenez toujours ça.
Les deux voleurs se mirent à chercher partout dans la chambre ; l'un d'eux soupçonna qu'il pouvait y avoir une cachette sur le ciel du lit, monta dessus ; la petite BERNARD tremblait de tous ses membres. Craignant qu'on ne vienne aussi monter sur son lit, elle quitte doucement sa place et se met tout à fait dessous, elle renverse le vase de nuit ; les voleurs s'arrêtent à ce bruit, ils écoutent ; l'un d'eux dit à son compagnon : c'est le bois du lit qui aura fait ce bruit. La pauvre enfant, étendue sur le carreau mouillé ne bougeait pas plus qu'un marbre. Quand les deux malfaiteurs eurent terminé leurs recherches, ils se dirigèrent vers une chambre voisine. La petite BERNARD eut la figure presqu'effleurée par la hache que l'un des voleurs traînait en sortant.
A peine étaient-ils dans l'autre chambre, que la jeune fille se glisse vers la porte de la rue, sans penser à prendre ses vêtements. Elle ouvre la porte avec précaution, elle sort ; elle veut courir, mais sa chemise se trouve prise dans un ferrement de la serrure ; elle croit que c'est la main d'un des fripons qui l'arrête ; elle n'a pas la force de crier. Elle fait un effort et se trouve libre ; elle court chez un voisin. Cependant les malfaiteurs avaient eu l'éveil ; ils se sauvent, laissant ouverte la seconde commode qu'ils se préparaient à piller. Elle contenait quelques bijoux, entre autres un cœur en or, comme les femmes de la campagne en portaient autrefois, et cinq billets de banque de 100 fr. dans une boîte.
Quand le voisin arriva, armé de son fusil à deux coups, la maison était vide. On est à la recherche des voleurs.
Jean Joseph BERNARD, né à Sourdun (Seine-et-Marne), le 13 juillet 1815, cultivateur, fils de Jacques Antoine, propriétaire cultivateur à Sourdun, âgé de 73 ans, et de Victoire Antoinette HUTPIN, âgée de 49 ans, s'est marié à Sourdun, le 16 janvier 1838, avec Alexandrine Virginie Constance LANGE, demeurant chez son père à Sourdun, où elle est née le 1er mars 1816, fille d'Alexandre Rémy, âgé de 54 ans, propriétaire cultivateur, et de Marie Anne Geneviève GUILLERET, âgée de 62 ans.
Anatole Onésime BERNARD, fils de Jean Joseph, et d'Alexandrine Virginie Constance LANGE, est né le 4 mars 1842, à Sourdun.
Pauline Virginie BERNARD, fille de Jean Joseph, et d'Alexandrine Virginie Constance LANGE, est née le 10 juillet 1849, à Sourdun.
Alexandrine Virginie Constance LANGE, est décédée le 21 février 1853, à Sourdun.