On lit dans le Courrier de l'Isère :
"Un déplorable accident a eu lieu samedi dernier à Choranche. Le nommé ALBERT Cicéron, âgé de dix-huit ans, exploitait une coupe de bois dans le cantonnement d'Arbois, sur le bord d'un rocher taillé à pic ; perdant tout à coup l'équilibre, ce jeune homme est tombé d'une hauteur de 12 à 15 mètres sur un petit banc de terre existant au milieu du rocher.
"Le sieur François IDELON fils coupait également du bois à quelque distance du jeune ALBERT ; s'apercevant de la disparition de ce dernier, il l'appelle et le cherche vainement ; pressentant alors un accident, il se penche sur un arbre au bord du précipice et aperçoit son infortuné compagnon étendu sur le sol, dans un lieu inaccessible, poussant des cris déchirants ; il cherche aussitôt à se frayer un passage pour pouvoir lui porter du secours ; mais le rocher qui entoure le lieu où est retenu le malheureux jeune homme y met obstacle en lui opposant une barrière insurmontable. Saisi de la plus vive émotion, il appelle du secours. Quelques personnes se trouvant à distance peuvent l'entendre et se transportent immédiatement auprès de la victime exposée au plus grand danger, le moindre mouvement pouvant l'entraîner au bord du précipice dont elle était éloignée que de quelques centimètres. (Le rocher à cet endroit présente une hauteur d'au moins 60 à 80 mètres.)
"Au moment où chacun avisait au moyen de conjurer un malheur qui semblait inévitable, IDELON aperçoit des conducteurs de chevaux sur le chemin de Choranche à Rencurel ; il vole à leur rencontre, et leur réclame les cordes dont ils se servent pour charger leurs montures.
"Aidé de ses compagnons, ils ajoutent toutes ces cordes les unes aux autres ; puis le courageux IDELON se ceint les reins de cet appareil et invite ses camarades à le descendre auprès du malheureux ALBERT ; il le trouve gisant sur le sol, souffrant et désespéré ; il l'encourage, l'attache à la corde qui a opéré sa descente, le relève et s'aide à le soutenir pendant que du haut du rocher on s'efforce de le retirer. Enfin, Dieu aidant, un suprême effort mit fin à cette scène de désolation en les sauvant tous les deux.
"Cependant, là ne se bornait pas la tâche de ces hommes dévoués ; il fallait songer à se frayer un passage dans les lieux périlleux, à travers des rochers, des précipices, des bois et des broussailles, portant sur leur dos l'infortuné ALBERT qui avait une jambe fracturée et contusionnée. Chaque homme à son retour se charge de ce pénible fardeau, et c'est de cette manière que le patient fut transporté au domicile de son père à Choranche."
Cicéron ALBERT est né à Choranche (Isère), le 27 octobre 1844, fils de Louis, charpentier et propriétaire à Choranche, âgé de 33 ans, et de Judith GUICHARD, âgée de 24 ans.
Louis ALBERT, menuisier, né à Choranche, le 1er mai 1811, fils de Jean, âgé de 65 ans, meunier à Choranche, et de feue Victoire Algond BIRON, décédée le 25 juin 1835, à Choranche, s'est marié à Choranche, le 13 janvier 1840, avec Judith GUICHARD, née à Choranche, le 7 octobre 1817, fille de Joseph, âgé de 65 ans, marchand de bois à Choranche, fils de Joseph né vers 1776, et de Marie Anne INARD, décédée le 13 mars 1836 à Choranche, fille de François, et de Jeanne BARPONT.