On lit dans le courrier de l'Isère:
Le 30 septembre, vers neuf heures du matin, le nommé Joseph GIROUD, âgé de 33 ans, né et domicilié à La Murette, près de Rives, employé comme journalier chez M. GOURJU, maître des forges à Bonpertuis, fut envoyé par son chef à Tullins, chez M. BARONNAT, banquier pour y toucher 3.000 francs qui lui furent comptés en or. En rapportant cette somme à Bonpertuis, GIROUD, lorsqu'il fut arrivé dans le bois de la Sarrat, conçut la coupable idée de s'approprier les 3.000 francs, et prépara aussitôt dans ce but une certaine mise en scène. Il était à peu près en ce moment, quatre heures et demie du soir.
GIROUD commença par faire deux portions de l'or dont il était porteur et les cacha sous des broussailles, disposa ensuite son chapeau et sa blouse sur le chemin, de manière à faire supposer qu'ils étaient restés là à la suite d'une arrestation à main armée et d'une lutte violente, se fit au haut de la tête une égratignure contre laquelle il frotta une pierre qu'il parvint ainsi à ensanglanter, et se coucha à trois mètres en contrebas de la route, avec sa pierre à côté de lui, dans l'attitude d'un homme qui aurait été volé et assassiné.
Peu de temps après, deux autres ouvriers employés chez M. GOURJU, CUSSET et GRAILLAT, venant à passer, trouvèrent le chapeau et la blouse de GIROUD qu'ils reconnurent. Ils pensèrent naturellement qu'il avait été victime de quelque guet-apens, et se mirent à l'appeler à haute voix. Ne recevant pas de réponse, ils le cherchèrent dans le bois et n'eurent pas de peine à le découvrir faisant le mort. S'étant bientôt aperçus qu'il ne l'était pas, ils le crurent évanoui, et l'emportèrent avec beaucoup de peine à l'établissement de Bonpertuis, où ils le couchèrent sur un lit et lui prodiguèrent tous leurs soins.
Le bruit de l'assassinat de GIROUD se répandit aussitôt, et, vers huit heures du soir, le juge de paix du Grand-Lemps, le commissaire de police et le brigadier de gendarmerie se rendirent à la forge, accompagnés de M. le docteur BRISSEAUD. Ce dernier, ayant examiné GIROUD, ne tarda pas à reconnaître qu'il jouissait d'une parfaite santé, et constata que sa blessure à la tête n'était qu'une égratignure faite à plaisir.
D'abord GIROUD voulut nier et faire accepter l'histoire du guet-apens qu'il avait arrangée dans sa tête pour expliquer sa petite aventure ; mais quand il vit qu'on le mettait en état d'arrestation, et qu'on procédait à l'information judiciaire, il fit les aveux les plus complets, et il est allé lui-même désigner les deux endroits du bois de la Sarrat où il avait caché les 3.000 francs. On a retrouvé toute la somme, moins 5 fr. GIROUD, nous n'avons pas besoin de le dire, a été mis à la disposition du parquet de Bourgoin.
Joseph Alexandre GIROUD, fils de Pierre, propriétaire cultivateur à La Murette (Isère), âgé de 34 ans, et de Marie GILLET, âgée de 34 ans est né le douze avril 1829 à La Murette.
Pierre GIROUD et Marie GILLET se sont mariés à Saint-Geoire-en-Valdaine (Isère) le 25 janvier 1819.
Pierre GIROUD, dit Capet, fils de Marguerite MEYER [?] est né en février 1790.
Marie GILLET, fille de Joseph, cultivateur, et d'Elizabeth BONNET, tous domiciliés à La Murette, est née à La Murette au mois de Fructidor de l'an II.