On écrit de Fontenay au Journal des Sables-d'Olonne :
Mercredi dernier, à neuf heures et demie du soir, le nommé Jean DRAPEAU, âgé de cinquante-cinq ans, marchand de bestiaux, demeurant sur la route du Gros-Noyer, à deux cents mètres de la barrière, a été assassiné dans son domicile. Les maisons voisines de celle où s'est accompli le crime sont habitées par des femmes seules. Elles entendirent bien un coup de feu, suivi de cris : Au secours ! Mais elles n'osèrent d'abord se hasarder à s'approcher de la maison d'où paraissait venir ce bruit. L'une d'elles, cependant, fut plus courageuse que les autres, et alla prévenir quelques personnes à une distance assez éloignée. Ces personnes coururent en toute hâte à la maison de DRAPEAU, mais la porte était fermée en dedans, et il fut impossible de l'ouvrir. Quelqu'un, ayant alors regardé par le trou de la serrure, aperçut un individu, qu'il ne put reconnaître, en train de fouiller DRAPEAU. Quelques instants après la gendarmerie était prévenue, ainsi que le procureur impérial et le juge d'instruction ; sitôt l'arrivée de ces magistrats, une instruction fut commencée. Les gendarmes avaient trouvé près de la porte une casquette et un pistolet à demi brisé, qui devaient aider à faire découvrir l'auteur de l'assassinat. Quand on pénétra dans la maison, on trouva le cadavre de DRAPEAU couché sur le côté droit : l'examen des médecins constata qu'il avait été atteint d'un coup de feu à la tête ; la balle avait frappé au-dessus du sourcil droit et emporté une partie du crâne ; néanmoins la victime n'a pas du être tuée sur le coup, car, d'un côté, de nombreuses blessures faites à la tête par un instrument contondant, de l'autre, le pistolet taché de sang et conservant encore des cheveux adhérents aux vis de la platine, démontre que le meurtrier a achevé sa victime en la frappant sur la tête avec la crosse du pistolet. Grâce à la circonstance que nous avons citée plus haut, de la découverte du pistolet, la justice a été mise promptement sur la trace de l'auteur du crime. Le pistolet fut reconnu comme lui appartenant par M. RAYÉ, pharmacien dans notre ville, qui déclara l'avoir prêté peu de jours auparavant à un nommé BERTRAND, jardinier. Cet homme étant employé chez M. RAYÉ, lui avait demandé à emprunter cette arme, parce que, disait-il, il devait aller à une noce, et, suivant un usage encore trop suivi dans les campagnes, il s'en serait servi pour faire honneur aux mariés. D'après ces indications, les gendarmes furent envoyés à la recherche de cet individu, qui était parti de Fontenay le lendemain de l'assassinat. Arrêté à la Châtaigneraie, BERTRAND a été écroué à la prison de notre ville dans la soirée de jeudi. On ignore encore quel a été le véritable mobile de ce crime ; cependant l'absence, sur le cadavre, d'une ceinture que les voisins de DRAPEAU assurent n'avoir jamais quitté ce dernier et devant, d'après eux, contenir une somme assez forte, fait supposer que le vol ne lui a pas été étranger. Cependant on a trouvé une somme de 240 francs dans une poche du pantalon. Il paraît que BERTRAND, dans l'interrogatoire que lui a fait subir le juge d'instruction, ne pouvant expliquer la présence du pistolet sur le lieu du crime, a fini par faire des aveux complets.
Pierre DRAPEAU, âgé de 57 ans, marchand de bestiaux, né à Mareuil-sur-Lay (Vendée), époux de Marie Anne DORET, fils de défunt Jean, et de Marie MARCHAND, est décédé à Fontenay-le-Comte (Vendée), le 26 août 1863.
Pierre DRAPEAU, marchand volailler, né le 14 frimaire de l'an 14 à Beaulieu, commune de Mareuil-sur-Lay, fils de Jean, cultivateur, âgé de 66 ans, demeurant à Lairoux (Vendée), et de Marie MARCHAND, décédée à La-Bretonnière-la-Claye (Vendée), le 15 novembre 1828, s'est marié à La-Bretonnière-la-Claye, le 13 février 1833, avec Marie Magdeleine DORET, lingère, demeurant à Grues (Vendée), née à Nantes (Loire-Atlantique), le 17 prairial de l'an 11, fille de Louis, charron, et de Marie Magdeleine PAIGNAND, sage-femme, domiciliés à Saint-Michel-en-l'Herm (Vendée).
Jean DRAPEAU, fils de défunt René et de Marie MAQUINEAU, s'est marié à La-Chaize-le-Vicomte (Vendée), le 13 janvier 1795, avec Marie MARCHAND, fille des défunts Pierre, et Marie LUNEL.