On lit dans le Journal d'Alençon :
Une catastrophe épouvantable est arrivée à l'usine de Bellevue, appartenant à M. Mathieu VIVARIO.
Un ouvrier, Auguste MOULIN, ne tenant aucun compte des prescriptions faites à tout le personnel de l'usine, voulut descendre, vers dix heures du matin, dans un des fours à chaux pour y tasser de la pierre. Le four était en feu, et déjà l'affaissement résultant de la combustion du coke était de plus de 2 mètres. A peine ce jeune homme, âgé de vingt-trois ans, avait-il descendu quelques barreaux d'une échelle, qu'on l'entendit crier : Au secours ! Et le bruit que fit son corps en tombant sur les pierres jeta l'épouvante parmi les ouvriers qui se trouvaient sur la plate-forme.
Un d'eux, le sieur BOULARD, âgé d'une trentaine d'années, se précipita au secours de son camarade, comme lui descendit quelques barreaux de l'échelle, et tomba pour ne plus se relever ; un troisième, le sieur MOULIN, âgé de soixante ans, voulut descendre à son tour, mais il ne reparut plus ; son gendre, n'écoutant, lui aussi, que les inspirations de son cœur, descend la fatale échelle et tombe sans proférer un cri ; deux autres ouvriers, les sieurs LEPROU et MAUBIEN, de Damigny, tentent en vain le sauvetage de leurs camarades, ils subissent le même sort. Enfin un septième allait disparaître dans cette fosse béante, lorsqu'un de ses camarades et M. Mathieu VIVARIO, accouru sur les lieux, éperdu de douleur, le retiennent par ses vêtements. M. MATHIEU succombe lui-même sous l'influence des gaz délétères et s'affaisse sur le bord de l'orifice. Il est transporté sans connaissance à son bureau, où il travaillait pendant ce terrible évènement.
Enfin M. LEHOUGUET, contremaître de l'usine, et d'autres ouvriers parvinrent, à l'aide de crochets et de cordes, à retirer les malheureuses victimes. Deux d'entre elles, les sieurs MAUBIEN et LEPROU, donnaient encore signe de vie ; chez les quatre autres, l'asphyxie était complète, et, malgré les soins des médecins accourus sur les lieux, il n'a pas été possible de les rappeler à la vie.
A la nouvelle de ce sinistre, le procureur impérial et le juge d'instruction s'étaient empressés de se rendre à Bellevue, où se trouvaient déjà le commissaire de police et ses agents.
M. Mathieu VIVARIO a pu être ramené à Alençon ; mais il se trouvait dans un état de prostration qui a profondément alarmé sa famille et ses nombreux amis.
Pierre BOULLARD, né à Gandelain (Orne), le 30 janvier 1832, fils de Joseph et de Marie Marguerite Françoise FROMONT, est décédé le 16 mars 1863, à l'usine de Bellevue, commune de Damigny (Orne).
Joseph BOULLARD, journalier, âgé de 28 ans, fils des défunts Marin, et Anne RIPAUT, originaire et domicilié à Gandelain, s'est marié le 14 février 1830, à Ciral (Orne), avec Marie Marguerite Françoise FROMONT, âgée de 22 ans, fille des défunts René et Marguerite DUVAL, originaire et demeurant à Cival.
François Julien RIBOT, né à Saint-Aubin-de-Locquenay (Sarthe), le 8 février 1830, domicilié à Alençon (Orne), fils de François, et de Louise DROUET, époux de Marie Julie Henriette MOULIN, est décédé le 16 mars 1863, à l'usine de Bellevue, commune de Damigny.
François Julien RIBOT, cultivateur, demeurant 3 rue de l'Asile à Alençon, fils de François, âgé de 64 ans, cultivateur, et de Louise DROUET, âgé de 56 ans, demeurant à Saint-Aubin-de-Locquenay, s'est marié à Alençon, le 30 avril 1861, avec Julie Henriette MOULIN, couturière, née à Colombiers (Orne), le 15 décembre 1831, fille de David Arnaud MOULIN, âgé de 55 ans, journalier, et de Marie Françoise FLEURY, âgée de 66 ans, tous domiciliés rue de Lancret à Alençon.
Auguste François MOULIN, né à Saint-Nicolas-des-Bois (Orne), le 4 juin 1841, domicilié à Alençon, fils de François Jacques, cultivateur, et de Renée Marie MERCIER, est décédé le 16 mars 1863, à l'usine de Bellevue, commune de Damigny.
Jacques François MOULIN, né à Saint-Nicolas-des-Bois, le 28 janvier 1808, fils de Mathieu Jean, et de Marie Françoise FLEURY, s'est marié à Saint-Nicolas-des-Bois, le 19 novembre 1833, avec Renée Marie MERCIER, née à Saint-Nicolas-des-Bois, le 28 mai 1805, fille de Jacques, cultivateur, âgé de 67 ans, et de Marie SELLOS, décédée le 6 février 1825.
Arnaud David MOULIN, âgé de 56 ans, né à Saint-Nicolas-des-Bois, domicilié à Alençon, fils des défunts Jean, et Françoise FLEURY, est décédé le 16 mars 1863, à l'usine de Bellevue, commune de Damigny.
Mathieu Jean MOULIN, né au Froust (Orne), le 20 novembre 1772, fils de Jean, décédé au Froust, le 27 mai 1777, et de Marie MERCIER, s'est marié au Froust, le 12 février 1806, avec Marie Françoise FLEURI, âgée de 29 ans, veuve de Julien CHAUVEL, fille d'Alexandre Pierre, et d'Anne GAUTHEREN.